Vidéo : La confession de Gordon Guyatt : Ce que le père de la médecine fondée sur les preuves n’a pas lu (#36)
- La Petite Sirène

- 9 sept.
- 6 min de lecture
Gordon Guyatt's Confession: What the Father of Evidence-Based Medicine Didn't Read (#36)
Beyond Gender - 08 septembre 2025
Trad. fr. légende Youtube
Le Dr Gordon Guyatt a révolutionné la médecine moderne. En tant que professeur à l’Université McMaster, il a inventé le terme « médecine fondée sur les preuves » en 1991, créé la hiérarchie des preuves que chaque étudiant en médecine apprend, et rédigé le User’s Guide to the Medical Literature qui a enseigné aux médecins du monde entier comment évaluer de façon critique la recherche. Depuis 48 ans, il est la référence absolue en matière de rigueur scientifique dans le domaine de la santé.
Puis vinrent ses revues systématiques sur la médecine de genre pédiatrique. Son équipe n’a trouvé que des preuves de faible qualité pour les interventions chez les jeunes. Lorsque vingt États américains ont utilisé son travail pour restreindre l’accès à ces traitements, Guyatt a qualifié cela de « mauvaise utilisation flagrante et inacceptable de notre travail ». Mais dans cette interview explosive, il admet avoir signé une déclaration approuvant les « soins médicalement nécessaires pour les jeunes de genre divers » sans l’avoir lue attentivement. « Ce n’était pas mon paragraphe, et je n’ai pas lu avec suffisamment d’attention », confesse-t-il. Et, lorsqu’on insiste davantage : « J’ai été un imbécile. D’accord. Il m’arrive d’être un imbécile.»
« Je ne suis absolument pas un expert dans ce domaine »
En ce qui concerne spécifiquement la médecine de genre pédiatrique, Guyatt insiste à plusieurs reprises : « Je ne suis absolument pas un expert dans ce domaine. » Lorsqu’on lui demande si des adolescents peuvent consentir à des interventions affectant la fertilité, il renvoie à son expérience avec des patients âgés atteints de déficiences cognitives. Lorsqu’on lui rappelle que « nous ne proposons pas de vasectomies ni de ligatures des trompes aux adolescents comme méthode de contraception », il répond : « Vous devrez parler aux experts qui, depuis des décennies, s’occupent de ces soins. »
Un endocrinologue pédiatrique est cité : « Parler à un adolescent de 14 ans de préservation de la fertilité, c’est comme parler à un mur. » Guyatt balaie cela : « Classique, anecdote. Excellente anecdote. Un individu unique avec une opinion unique. » Pourtant, sa propre preuve de l’existence d’une sous-population traitable ? « Mon impression après avoir parlé à de telles personnes. »
Interrogé sur les parallèles avec les greffes de moelle osseuse pour le cancer du sein — où des militants ont exigé l’accès à des traitements qui, en fin de compte, ont nui aux femmes — Guyatt devient sur la défensive : « Je me sens manipulé en ce moment. »
Transcription de l'interview, à partir de 28 minutes jusqu'à la fin
Mia Hughes : Quelqu’un — il y a eu beaucoup de gens qui ont parlé de toute cette déclaration de McMaster et tout ça — et quelqu’un a récemment dit que le simple fait que vous ayez signé cette déclaration qui dit, je ne sais pas, que c’est médicalement nécessaire.
Gordon Guyatt : Non ! Comme c’est ridicule. Nous n’avons jamais rien dit de tel. Je vous ai dit que je n’utiliserais jamais le terme médicalement nécessaire dans la nature. Je ne l’utiliserais jamais. Le fait que vous veniez de dire que nous avons dit que c’était médicalement nécessaire est complètement faux.
Mia Hughes : D’accord. Alors je vais me vérifier moi-même. Je crois que j’ai raté… Non, laissez-moi juste vérifier les faits moi-même, parce que…
Guyatt :Si vous trouvez médicalement nécessaire dans ma déclaration, je devrai sauter d’un pont si vous le faites.
Mia Hughes (après vérification) : J’ai vérifié moi-même. Voici votre déclaration du 14 août. Le dernier paragraphe :« Nous n’accepterons plus de financements de SEGM. Comme recommandé par des militants communautaires, nous avons aussi fait un don personnel au travail juridique d’Egale Canada, en notant leurs actions en justice visant à empêcher le refus de soins médicalement nécessaires pour les jeunes gender-diverse. »
Guyatt : D’accord. Ce paragraphe n’était pas le mien et je ne l’ai pas lu attentivement. Donc, félicitations.
Mia Hughes : Vous avez signé quelque chose que vous n’aviez pas lu attentivement.
Guyatt : Apparemment oui. Évidemment, si j’avais prêté attention, je ne l’aurais pas fait. Ce à quoi j’ai prêté attention, c’est la partie que j’ai écrite. Si vous voulez savoir ce que je pense, lisez la partie que j’ai clairement écrite.
Stella O’Malley : Je ne peux pas terminer cette conversation sans dire que je me sens très mal à l’aise qu’une personne de votre stature — et vous avez une stature extraordinaire — se retrouve dans cette situation. Je comprends ce que l’on ressent quand on est invité à participer à quelque chose et qu’on y va de bonne foi, puis que ça devient bizarre et qu’on se dit : « Ce n’est pas là où je me situe. » Vous n’avez pas d’expertise dans ce domaine. Mais ce qui m’attriste, c’est que vous abdiquez votre responsabilité. Vous vous êtes engagé, donc c’était peut-être votre rôle de rester et de vous informer pleinement.
Guyatt : J’ai des centaines de choses à gérer en même temps. Je n’avais pas de réserves. J’ai trouvé assez d’informations. J’ai participé aux réunions, j’ai parlé à beaucoup de gens. J’en ai appris assez pour, au final, tenir la position que je vous ai résumée il y a quelques minutes. Je suis à l’aise avec ce résumé. Je pense en savoir assez pour trouver cela cohérent.
Stella O’Malley : Mais vous avez signé une déclaration qui contient quelque chose qui va clairement à l’encontre de votre position, à savoir l’expression médicalement nécessaire.
Guyatt : Sortir ce passage-là est inapproprié. Oui, j’ai survolé la fin, mais ce n’était pas mon focus. Si vous me demandez : est-ce que je pense que c’est médicalement nécessaire ? Non, ce n’est pas médicalement nécessaire. Et comme je vous l’ai dit plus tôt, je n’utilise jamais ce terme.
Stella O’Malley : Mais vous l’utilisez maintenant, puisque vous avez signé quelque chose qui le contient.
Guyatt : Les retombées ont été immenses, énormes. Ne me blâmez pas parce que je n’ai pas lu plus attentivement que je n’aurais dû.
Stella O’Malley : Je dois quand même reconnaître vos mérites. Vous êtes arrivé à votre position grâce à un travail extraordinaire et donc on attend de vous une responsabilité et un sérieux extraordinaires. Mais là, je crains que vous ne vous soyez discrédité en signant quelque chose avec un paragraphe auquel vous n’adhérez pas et qui restera attaché à votre nom.
Guyatt : Ce que j’ai écrit, ce que… D’accord, j’ai été idiot. Je suis parfois idiot, souvent idiot. Ce que j’ai retenu, c’est que nous soutenions cette démarche parce qu’elle s’opposait à la législation. C’est ce que j’ai compris, c’est ce que j’en ai retenu.
Stella O’Malley : Mais vous détruisez quatre ans de travail. Ce n’était pas une petite affaire, c’était énorme.
Guyatt : Vous êtes déçue par moi, et c’est dommage. Mais vous focalisez sur quelques mots. Pourquoi ne pas vous concentrer sur le message global que je transmets et auquel je tiens ?
Stella O’Malley : Je me concentre justement sur cela : le message global dénigre le grand travail qui a été accompli par SEGM depuis quatre ans, et c’est pour ça que je suis si préoccupée, parce que ce message a un poids énorme.
Guyatt : J’ai de gros problèmes avec l’approche de SEGM et j’en ai toujours. Je discute pas mal maintenant avec d’autres personnes. Je parle notamment avec une chercheuse finlandaise. L’approche finlandaise me paraît très bonne. Si SEGM disait : « Nous soutenons cette approche finlandaise, qui respecte l’autonomie du patient, et nous sommes clairement contre le refus de soins par les législateurs », je n’aurais aucun problème. Je leur ai d’ailleurs demandé de le faire.
Stella O’Malley : Une dernière chose : toute cette idée d’autonomie du patient. Cela revient à se demander à quel point un patient est insistant, persistant, constant. Moi, quand j’étais enfant, j’avais une dysphorie de genre extrême. Donc je suis biaisée, car j’en suis sortie. Mais ma personnalité était si forte que j’aurais obtenu le traitement que je voulais, peu importe mon âge. Et donc, cette idée que les personnalités très fortes obtiennent le traitement qu’elles veulent, peu importe leur âge, est un modèle très défaillant. Je sais que vous croyez fondamentalement à l’autonomie du patient, mais quand ce sont des enfants avec une forte personnalité, parfois des traits autistiques, et un mouvement politique derrière eux, vous passez à côté d’une grande partie du problème.
Guyatt : Clairement, les psychiatres devraient être capables de faire une évaluation des choses que vous décrivez. Et peut-être qu’ils le peuvent. Je ne sais pas, je ne suis pas expert. Peut-être qu’ils le peuvent.
Mia Hughes : Mais sans boule de cristal, ils ne le peuvent pas. Et la plupart admettent qu’il n’y a aucun moyen de savoir qui persistera et qui désistera.
Guyatt : Je vais parler à cette chercheuse finlandaise qui pense qu’ils le peuvent. Peut-être qu’elle se trompe.
Stella O’Malley : Je ne suis pas sûre qu’elle pense vraiment qu’ils le peuvent, mais peut-être devrions-nous lui parler aussi.





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