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Rétablissement après la transition : Psychothérapie avec des détransitionneurs

  • Photo du rédacteur: La Petite Sirène
    La Petite Sirène
  • 28 oct.
  • 6 min de lecture

Article de « Frontiers in Mental Health », numéro 2

Open Therapy Institute (OTI)

26 octobre 2025


Trad. Fr.


Par Stella O’Malley, MA


Le texte suivant paraît dans le deuxième numéro de « Frontiers in Mental Health », la revue de l’Open Therapy Institute. Lisez le numéro complet ici.


Au cours de la dernière décennie, la dysphorie de genre est devenue l’un des sujets les plus complexes et les plus sensibles auxquels sont confrontés les jeunes, les familles et les cliniciens. On observe une forte augmentation du nombre d’adolescents cherchant du soutien pour une détresse liée au genre (Cass, 2024 ; Chen et al., 2016 ; Olson-Kennedy et al., 2016). En lien avec cette évolution, de nombreux thérapeutes signalent une demande écrasante pour une thérapie réfléchie et bien informée dans ce domaine, ainsi qu’un manque de praticiens capables de l’offrir.


Depuis 2017, je travaille comme thérapeute et animatrice de groupes de soutien pour les familles, les détransitionneurs, les personnes transgenres et celles qui éprouvent une détresse à la suite d’une transition médicale. J’ai régulièrement rencontré des personnes qui se sentent isolées, pleines de regrets et trahies par les systèmes mêmes qui étaient censés les aider. Malgré les besoins croissants en services, de nombreux thérapeutes évitent ce travail en raison de pressions politiques et de préoccupations quant aux risques professionnels. L’accès aux soins psychologiques demeure donc limité.


Il existe actuellement un besoin considérable de services proposant des approches non médicalisées et fondées sur des données probantes pour la détresse liée au genre. Les patients confrontés à ces difficultés devraient toujours être accueillis avec curiosité, compassion et intégrité clinique (Clark et al., 2024). Bien entendu, ces mêmes principes s’appliquent au traitement des détransitionneurs et de toutes les personnes éprouvant une détresse liée à une transition médicale de genre.


Nombre croissant de détransitionneurs


La décision de détransitionner survient souvent après des années de lutte psychologique, beaucoup faisant face à une suicidabilité accrue durant cette période d’incertitude. Le rejet social et l’isolement sont fréquents, aggravant encore la charge émotionnelle (Vandenbussche, 2022).


La détransition semble être en hausse, peut-être en raison de l’augmentation des transitions médicales ou de l’influence du modèle d’affirmation de genre, centré sur l’autodétermination du patient et menant souvent à une intervention médicale (WPATH, 2022). Cependant, le manque de recherche rend difficile l’identification précise des causes.


À titre d’exemple, le forum Reddit r/detrans (qui présente des récits, des questions et des ressources sur la détransition) comptait moins de 1 000 membres en 2019 ; aujourd’hui, il en compte plus de 57 000. Les médias présentent désormais fréquemment des détransitionneurs dont les histoires évoquent souvent des regrets, de l’isolement et des conséquences médicales irréversibles (voir ci-dessous). Ces expériences exigent une attention accrue de la part des cliniciens, des chercheurs et des décideurs politiques.


Vandenbussche (2022) a interrogé 237 détransitionneurs et desisters — 92 % de femmes et 8 % d’hommes — recrutés dans des communautés en ligne. Les desisters sont ceux qui ne s’identifient plus comme transgenres sans avoir entrepris de transition médicale, tandis que les détransitionneurs ont effectué une transition médicale avant de revenir sur leur décision. L’étude a révélé que 70 % attribuaient leur dysphorie de genre à des problèmes sous-jacents tels que des troubles de santé mentale, des traumatismes ou une homophobie intériorisée, et beaucoup estimaient ne pas avoir été suffisamment informés sur les traitements reçus.


Les récits de détransition et de desisting sont saisissants. La psychanalyste Lisa Marchiano (2021) a documenté le cas de Maya, une adolescente en détresse souffrant de troubles alimentaires, qui a entrepris une transition médicale avant de détransitionner par la suite. Dans le même article, Marchiano évoque Livia, une femme ayant regretté sa transition après avoir subi une mastectomie à 20 ans et une hystérectomie à 21 ans.

De nombreux jeunes qui s’identifient plus tard comme gays, lesbiennes ou bisexuels décrivent avoir eu du mal à accepter leur attirance pour le même sexe et regrettent désormais d’avoir entrepris une transition médicale comme moyen de « trans-er l’homosexualité ».

De même, Reuters (Respaut et al., 2022) a dressé le portrait de Max Lazzara. À 14 ans, Max a commencé à remettre en question son identité de genre et a trouvé une validation au sein de communautés en ligne. À 16 ans, elle a commencé un traitement à la testostérone, et à 18 ans, elle a subi une mastectomie. Bien qu’elle ait ressenti un soulagement initial, sa santé mentale s’est ensuite détériorée, entraînant de nouvelles tentatives de suicide, des abus de substances et des troubles alimentaires. En 2020, elle en est venue à s’identifier comme lesbienne, a cessé la testostérone et regrette désormais que la médicalisation lui ait été proposée comme solution à sa détresse.


Pendant ce temps, le New York Times (Paul, 2024) relate l’histoire de Grace Powell, qui, adolescente, croyait que la transition résoudrait sa détresse liée à la puberté, au harcèlement et à la dépression. Elle a commencé les hormones croisées à 17 ans, puis a subi une double mastectomie. Pourtant, personne n’a exploré ses problèmes sous-jacents — notamment un traumatisme passé — avant de confirmer sa transition. Elle a depuis détransitionné et exprime des regrets.


Paul présente également Kasey Emerick, qui a grandi dans une communauté chrétienne conservatrice et a entrepris une transition afin d’échapper à la stigmatisation associée à son homosexualité. Après avoir vécu cinq ans comme homme trans, Emerick s’est rendu compte que sa santé mentale s’était aggravée, a détransitionné en 2022 et a subi un intense contrecoup sur les réseaux sociaux.


Littman (2021) a constaté que 55 % des 100 détransitionneurs interrogés avaient bénéficié d’une évaluation insuffisante avant leur transition ; 38 % liaient leur dysphorie à un traumatisme, à des abus ou à des troubles de santé mentale ; et 23 % mentionnaient l’homophobie ou la difficulté à accepter leur orientation sexuelle comme facteurs ayant contribué à la fois à leur transition et à leur détransition. De même, Vandenbussche (2022) a rapporté que 52 % des détransitionneurs et desisters exprimaient le besoin de gérer une homophobie intériorisée.


Ces résultats soulignent l’importance, en psychothérapie, d’aborder les problèmes psychologiques sous-jacents plutôt que de renforcer la croyance selon laquelle la transition médicale est la seule voie possible. Cependant, l’homophobie intériorisée n’est qu’un des nombreux défis auxquels les détransitionneurs sont confrontés. Les comorbidités non reconnues constituent elles aussi des obstacles majeurs au rétablissement et au bien-être.


Défis auxquels font face les détransitionneurs


Mon travail auprès des détransitionneurs a été l’un des plus significatifs — et parfois les plus éprouvants — de ma carrière. Les personnes avec lesquelles j’ai travaillé considèrent généralement leur transition médicale comme une forme d’automutilation et regrettent profondément les interventions hormonales et chirurgicales qu’elles ont subies, soulignant ainsi les risques potentiels de la médicalisation.


J’entends régulièrement des témoignages de personnes qui regrettent profondément avoir eu recours à des traitements hormonaux, des mastectomies, des vaginoplasties, des hystérectomies et d’autres interventions irréversibles. Les détransitionneurs demeurent une minorité au sein d’une minorité, et pourtant leurs voix doivent être entendues pour comprendre pleinement les réalités de la dysphorie de genre.


Les récits récurrents que je rencontre mettent en lumière la nécessité urgente d’aborder la dysphorie de genre avec prudence, compassion et un souci du bien-être à long terme (Littman et al., 2021, 2024 ; O’Malley & Bell, 2024). L’homophobie intériorisée et extériorisée est un thème récurrent dans ma pratique clinique. De nombreux jeunes qui s’identifient plus tard comme gays, lesbiennes ou bisexuels décrivent leurs difficultés à accepter leur attirance pour le même sexe et regrettent aujourd’hui d’avoir entrepris une transition médicale comme moyen de « trans-er l’homosexualité », une expression couramment utilisée en ligne pour désigner ce phénomène.


Les complications physiques issues de la transition médicale sont une source constante de détresse pour les participants des groupes de soutien. La douleur, l’incontinence, l’ostéoporose et les problèmes cardiaques sont fréquemment évoqués. À cela s’ajoutent des regrets profonds concernant les interventions médicales dommageables et la tristesse liée aux années perdues — un ensemble de défis qui crée une charge presque insupportable. L’éventail des âges parmi les participants est frappant, allant de 18 à 85 ans.


Conclusion


À mesure que la prise de conscience autour de la détransition grandit, notre volonté d’écouter — sans défense ni biais idéologique — doit croître elle aussi. Ceux qui regrettent leur transition médicale ne sont pas des anomalies ni de simples statistiques ; ce sont des personnes dont les expériences révèlent des lacunes essentielles dans nos pratiques cliniques, nos systèmes de santé et nos présupposés culturels.


Nous devons à ces individus de prendre leurs vécus au sérieux. Cela implique d’investir dans un soutien psychologique solide, d’assurer une évaluation et un consentement éclairé adéquats, et de créer un espace permettant l’exploration identitaire sans précipitation vers la médicalisation.

Avant tout, ce rôle exige de la compassion — non seulement envers ceux qui entreprennent une transition, mais aussi envers ceux qui choisissent un autre chemin.

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