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Prévalence des diagnostics de troubles de la personnalité chez les personnes orientées vers des cliniques spécialisées dans l'identité de genre en Finlande

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    La Petite Sirène
  • il y a 6 heures
  • 20 min de lecture

Journal of Personality Disorders, 39(2), 95–112, 2025

© 2025 The Guilford Press.


Auteurs :

Marja Kaila-Vanhatalo, MD

Tommi Tolmunen, MD, PhD

Aino Mattila, MD, PhD

Riittakerttu Kaltiala, MD, PhD



Une prévalence plus élevée des diagnostics de troubles de la personnalité a été observée chez les personnes atteintes de dysphorie de genre. Toutefois, les études antérieures sur ce sujet sont limitées et méthodologiquement incohérentes. L’objectif de cette recherche était de déterminer la prévalence des diagnostics de troubles de la personnalité chez les individus demandant une transition médicale de genre. Une étude de suivi basée sur des registres a été menée auprès d’individus ayant contacté les services nationaux centralisés d’identité de genre en Finlande entre 1996 et 2019 (n = 3 665), et un groupe témoin apparié selon l’âge et le sexe (rapport de 8:1 ; n = 29 292). Tous leurs contacts en psychiatrie spécialisée entre 1994 et 2022 ont été identifiés dans le Registre national des soins de santé. Les diagnostics et les dates ont été extraits selon la classification CIM-10. Dans le groupe présentant une dysphorie de genre, 15,0 % (551 sur 3 665) avaient reçu un diagnostic dans la catégorie des troubles de la personnalité (F60–69, à l’exception de F64.x), contre 2,1 % (625 sur 29 292) chez les témoins.



INTRODUCTION


Les troubles de la personnalité sont définis comme des traits de personnalité et de comportement inadaptés, causant un préjudice important à l’individu ou à son entourage. Ces traits ne sont pas attribuables à un autre trouble psychiatrique ou handicap, et, selon la Classification internationale des maladies, 10e révision (CIM-10), ces traits nuisibles apparaissent dès l’enfance ou l’adolescence et persistent à l’âge adulte (Organisation mondiale de la santé [OMS], 2016). Dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM), les troubles de la personnalité sont considérés comme fondés sur des difficultés liées au développement identitaire (American Psychiatric Association, 2013).


La diffusion de l’identité est un critère du diagnostic de trouble de la personnalité borderline (TPB), état caractérisé par un sens du soi fragmenté et flou. À l’inverse, l’intégration identitaire favorise une identité stable et cohérente, améliorant globalement le bien-être (Erikson, 1980 ; Goth et al., 2012 ; Kroger, 2003).


Au 21e siècle, une augmentation significative des orientations vers les services spécialisés en identité de genre (SIG) a été observée dans tout le monde occidental, y compris en Finlande (Kaltiala et al., 2023 ; Wiepjes et al., 2018 ; voir Figure 1). Cette hausse concerne particulièrement les adolescents et les jeunes adultes demandant une transition médicale de genre (GR) (Aitken et al., 2015 ; Kaltiala-Heino et al., 2015 ; Thompson et al., 2022). La proportion de jeunes femmes biologiques parmi les personnes souffrant de dysphorie de genre (DG ; détresse psychologique liée à l’inadéquation entre le sexe assigné à la naissance et l’identité de genre) a fortement augmenté à l’échelle mondiale.


Il a été constaté que les personnes cherchant une transition médicale de genre présentent une prévalence plus élevée de troubles psychiatriques passés ou présents que la population générale de même âge (Heylens et al., 2014 ; James et al., 2020 ; Källström et al., 2022 ; Kaltiala et al., 2023 ; Kaltiala-Heino et al., 2018 ; Surace et al., 2021). La dépression, l’anxiété, et les comportements suicidaires/automutilations sont particulièrement surreprésentés chez ces personnes (Dhejne et al., 2011 ; Heylens et al., 2014 ; James et al., 2020 ; Kuper et al., 2019 ; Surace et al., 2021). Plus spécifiquement, les personnes non-binaires (c’est-à-dire celles ne s’identifiant ni comme hommes ni comme femmes, mais quelque part entre les deux ou en dehors du spectre binaire) présentent des taux encore plus élevés d’anxiété et de dépression (Bodlund & Armelius, 1994 ; Chew et al., 2020 ; Källström et al., 2022 ; Miach et al., 2000), et certaines études rapportent un taux plus élevé de "suicidabilité" et d’automutilation dans ce groupe (Clark et al., 2018 ; Veale et al., 2017).


La dépression, l’anxiété, et les comportements suicidaires/automutilations sont souvent liés à des troubles de la personnalité, en particulier au trouble de la personnalité borderline (Friborg et al., 2013, 2014 ; Skodol et al., 2005). Toutefois, il reste incertain si le développement d’un trouble de la personnalité peut aussi être lié à l’expérience de l’identité de genre. La détresse psychologique accrue chez les personnes atteintes de DG est souvent attribuée au stress minoritaire, engendré par les contraintes sociétales et l’intolérance (Hunter et al., 2021). Des résultats antérieurs montrant une prévalence élevée de TPB chez les personnes avec DG ont été interprétés comme des symptômes de stress minoritaire mimant un TPB (Goldhammer et al., 2019). Certaines études ont également suggéré la possibilité d’un biais clinique, notamment lors du diagnostic de TPB chez les populations de minorités de genre (Denning et al., 2022 ; Rodriguez-Seijas, Morgan, et al., 2024 ; Rodriguez-Seijas, Warren, et al., 2024). Il a aussi été avancé que les cliniciens peuvent ne pas évaluer correctement l’environnement socioculturel des personnes transgenres et de genre divers, les diagnostiquant potentiellement selon des normes de la majorité (Rodriguez-Seijas et al., 2023). Il est également noté que les questionnaires diagnostiques structurés pour les troubles de la personnalité actuellement utilisés ont été évalués et standardisés sur la population générale, et non sur les minorités de genre (Lehmann & Leavey, 2019 ; Lingiardi et al., 2017).



PRÉVALENCE DES TROUBLES DE LA PERSONNALITÉ DANS LA POPULATION GÉNÉRALE ET CHEZ LES PERSONNES ATTEINTES DE DYSPHORIE DE GENRE


Selon une méta-analyse, la prévalence des troubles de la personnalité dans la population générale est de 7,8 % (IC à 95 % [6,1–9,5 %]), avec une prévalence plus élevée dans les pays développés (9,6 %, IC à 95 % [7,9–11,3 %]) (Winsper et al., 2020). Deux études en Scandinavie (une enquête communautaire en Suède et une étude d’entretien communautaire utilisant l’entretien structuré pour les troubles de la personnalité selon le DSM-III-R [SIDP-R] en Norvège) ont estimé la prévalence des diagnostics de trouble de la personnalité dans la population générale à 11 % et 13,4 % respectivement (Ekselius et al., 2001 ; Torgersen et al., 2001).


Plusieurs études ont examiné la prévalence des troubles de la personnalité chez les personnes présentant une dysphorie de genre (voir Tableau 1). Dans ces études, la prévalence des troubles de la personnalité parmi les participants atteints de DG variait de 3,7 % à 81,4 % (Anzani et al., 2020 ; Bodlund et al., 1993 ; Bodlund & Armelius, 1994 ; Cole et al., 1997 ; Deiana et al., 2016 ; Duišin et al., 2014 ; Hepp et al., 2005 ; Heylens et al., 2014 ; James et al., 2020 ; Lingiardi et al., 2017 ; Madeddu et al., 2009 ; Meybodi et al., 2014 ; Miach et al., 2000 ; Strauss et al., 2020 ; Zimmerman et al., 2022).


Dans la majorité de ces études, les troubles de la personnalité du cluster B (borderline, narcissique, histrionique, à l’exclusion de l’antipersonnalité) étaient les plus fréquents (Anzani et al., 2020 ; Bodlund & Armelius, 1994 ; Bodlund et al., 1993 ; Cole et al., 1997 ; Lingiardi et al., 2017 ; Miach et al., 2000 ; Strauss et al., 2020).


De plus, une étude (Duišin et al., 2014) a rapporté une présence spécifique de traits paranoïdes et évitants chez des personnes atteintes de troubles de l’identité de genre. Dans deux études (Bodlund & Armelius, 1994 ; Miach et al., 2000), un groupe distinct a été identifié : le trouble de l’identité de genre à l’adolescence et à l’âge adulte non transsexuel (GIDAANT), qui pourrait aujourd’hui correspondre à la catégorie non binaire. Les diagnostics de trouble de la personnalité (avec distinction des troubles du cluster B) étaient plus fréquents dans les groupes GIDAANT.



LIMITES DES ÉTUDES ANTÉRIEURES ET OBJECTIFS DE LA PRÉSENTE ÉTUDE


Toutefois, les recherches sur les associations entre dysphorie de genre et troubles de la personnalité posent plusieurs problèmes. Les études publiées ne sont pas comparables en raison des outils d’évaluation variés et des différences importantes entre les échantillons. Les échantillons des services d’identité de genre (SIG) comprenaient des patients dans des contextes et des stades différents du processus diagnostique et des traitements. Les diagnostics liés à la DG ont également été posés selon différentes classifications.


Depuis les années 2000, la population des SIG a évolué de façon significative, avec une prédominance d’adolescents et de jeunes adultes de sexe féminin. Ce changement rend potentiellement obsolètes bon nombre des études antérieures (Kaltiala et al., 2023 ; Thompson et al., 2022).


Il manque encore des études à grande échelle capables d’évaluer la prévalence des diagnostics de trouble de la personnalité (TP) chez les patients demandant une GR comparativement à la population générale, et d’évaluer les évolutions temporelles de ces prévalences.


Dans notre recherche, nous avons souhaité étudier les diagnostics de TP dans un échantillon représentatif à l’échelle nationale de toutes les personnes ayant contacté les services d’identité de genre centralisés en Finlande entre 1996 et 2019, ainsi que dans un échantillon témoin de population apparié 8:1 (contrôles:patients) selon l’année de naissance et le lieu de naissance, avec quatre témoins masculins et quatre féminins pour chaque patient.


Questions de recherche


  1. Les personnes demandant une GR médicale présentent-elles plus de diagnostics de TP dans les soins psychiatriques spécialisés que leurs témoins appariés ?

  2. Quelle est la chronologie du diagnostic de TP par rapport à la présentation aux SIG ?

  3. Y a-t-il des différences liées au sexe/genre dans les diagnostics de TP chez les personnes demandant une GR médicale, par rapport aux témoins de même âge ?

  4. Y a-t-il des tendances temporelles dans le risque de diagnostics de TP parmi ceux demandant une GR médicale entre 1996 et 2019, période durant laquelle leur nombre a fortement augmenté et leur profil démographique a changé ?



MÉTHODOLOGIE


Cadre de l’étude

En Finlande, les services d’identité de genre par lesquels les individus peuvent accéder à une transition médicale sont centralisés à l’échelle nationale dans deux des cinq hôpitaux universitaires (Kaltiala et al., 2023 ; Kaltiala-Heino et al., 2015 ; Pimenoff, 2006). Les personnes ayant des questions liées à l’identité de genre, mais ne cherchant pas une transition médicale, sont prises en charge dans les services de santé locaux, tout comme les personnes transgenres dont les besoins médicaux actuels ne sont pas liés à une GR.


L’expérience de la dysphorie de genre et la demande de transition médicale pour soulager cette détresse constituent donc un point de départ pour les évaluations dans les SIG centralisés.


Après l’évaluation dans ces services, les individus peuvent ou non poursuivre vers des interventions médicales de GR (hormonales et chirurgicales). Dans cette étude, les sujets orientés vers les SIG centralisés sont désignés comme personnes demandant une transition de genre, ou plus brièvement, comme le groupe DG. Depuis avril 2023, les adultes peuvent modifier eux-mêmes leur genre sur les documents légaux. Cependant, pendant toute la durée de l’étude, une attestation émise par un SIG était requise pour effectuer un changement légal de genre.


Conception de l’étude

Il s’agit d’une étude de suivi basée sur les registres, utilisant les données de population et de soins de santé collectées en routine à l’échelle nationale en Finlande.


Les sujets orientés vers les SIG ont été identifiés à partir des bases de données hospitalières des hôpitaux universitaires de Tampere et Helsinki. Le premier rendez-vous avec l’équipe diagnostique (codé selon la CIM-10 : F64.0, F64.2, F64.8 ou F64.9) a été enregistré comme date index.


Leur numéro d’identification personnel ainsi que leur date index ont été transmis de façon sécurisée à l’Autorité finlandaise pour les données sociales et de santé (Findata), qui a fusionné les listes. Si une personne avait fréquenté les deux unités, la date index la plus ancienne a été retenue.


Au total, 3 665 individus ont été identifiés comme ayant consulté une unité d’identité de genre centralisée entre 1996 et 2019.


Pour chaque personne, huit témoins ont été extraits du registre de la population : quatre hommes et quatre femmes appariés selon l’année de naissance et le lieu de naissance. Si le nombre de témoins disponibles était insuffisant, des groupes partiels ont été constitués.


L’échantillon final comprend 29 292 témoins.


Les patients et témoins ont été suivis dans les registres jusqu’au 9 juin 2022, ou jusqu’à leur dernier contact psychiatrique spécialisé enregistré, selon la date la plus proche.


  • Temps moyen de suivi : 6,9 ans (écart type : 0,02)

  • Médiane : 5,7 ans

  • Maximum : 26,4 ans


Éthique et autorisations


Les données de registre peuvent être utilisées à des fins de recherche après approbation par l’Autorité des données sociales et sanitaires (Findata) et Statistique Finlande. L’extraction, le croisement et la pseudonymisation sont effectués par ces autorités, et les chercheurs accèdent aux données via une connexion sécurisée.


Les analyses produisant des résultats trop précis susceptibles d’identifier une personne doivent être modifiées pour garantir l’anonymat.


L’étude actuelle a reçu :


  • l’approbation éthique du comité d’éthique de l’hôpital universitaire de Tampere (R20040R)

  • les autorisations de Findata (THL/5188/14.02.00/2020)

  • et de Statistique Finlande (TK/1016/07.03.00/2020)


Conformément aux articles 6e, 9i et 9j du Règlement (UE) 2016/679 du Parlement européen sur la protection des données (RGPD), le consentement individuel n’était pas requis.



EXTRACTION DES DONNÉES


Tous les contacts, en ambulatoire et en hospitalisation, du groupe DG et du groupe témoin auprès de services psychiatriques spécialisés entre 1994 et 2022 ont été extraits du Registre national des soins de santé (CRHC) (Haukka, 2009 ; Kaltiala et al., 2023).


Les données extraites incluaient :


  • les dates d’entrée et de sortie

  • l’âge du patient à l’admission

  • les diagnostics (principal + deux diagnostics secondaires) pour chaque contact

  • les diagnostics étaient codés selon la CIM-9 pour les années 1994–1995, et la CIM-10 à partir de 1996.

  • Les codes CIM-9 ont été convertis en CIM-10 via les tables de correspondance de l’OMS (Division de la santé mentale, 1994).


Le registre a aussi été utilisé pour repérer les chirurgies de transition de genre :


  • vaginoplastie / phalloplastie

  • mastectomie


Par ailleurs, le registre de l’Institution d’assurance sociale de Finlande (KELA) a été utilisé pour identifier :


  • les traitements hormonaux (hormonothérapie féminisante / masculinisante)

  • grâce au code de remboursement spécial (code 121) accordé aux patients diagnostiqués F64.0 (et à partir de 2020, F64.8), avec un traitement hormonal poursuivi depuis plus d’un an.



MESURES

Le sexe, tel qu’enregistré dans le Registre de la population, est utilisé dans l’étude comme variable de “sexe” ou “sexe enregistré”. Pour les témoins et les personnes DG n’ayant pas poursuivi une GR médicale, il coïncidait toujours avec le sexe biologique.


On suppose que les personnes ayant contacté les SIG souhaitaient des interventions médicales de transition vers le sexe opposé à leur sexe biologique :


  • Vers féminin si elles étaient de sexe masculin

  • Vers masculin si elles étaient de sexe féminin


Deux sous-groupes du groupe DG ont été créés :


  • “DG vers masculin” : personnes ayant reçu une GR masculinisante ou enregistrées comme femmes n’ayant pas encore fait de GR

  • “DG vers féminin” : personnes ayant reçu une GR féminisante ou enregistrées comme hommes n’ayant pas encore fait de GR


Au moment de l’extraction :


  • 56,1 % du groupe DG étaient enregistrés comme femmes

  • 50 % des témoins également

  • Parmi le groupe DG :


    • 67,7 % demandaient une transition vers masculin

    • 32,3 % vers féminin


L’âge à la date index des patients DG a été affecté à chacun de leurs 8 témoins. L’âge moyen au moment du contact initial était de 24,3 ans (ET : 0,05).


DIAGNOSTICS ÉTUDIÉS

Tous les contacts psychiatriques spécialisés avec des diagnostics CIM-10 dans la catégorie F60–69 (troubles de la personnalité et du comportement chez l’adulte) ont été identifiés.


  • Les psychiatres spécialisés ont posé ces diagnostics via des évaluations cliniques ou des entretiens structurés.

  • La fiabilité de ces données dans les registres finlandais est considérée comme élevée (Sund, 2012).

  • Les codes F64.x (troubles de l’identité de genre) ont été exclus de l’analyse.


Les diagnostics F60–69 ont été regroupés ainsi :


  • Paranoïde et schizoïde (F60.0, F60.1)

  • Antisocial et histrionique (F60.2, F60.4)

  • Borderline (F60.3)

  • Anankastique, évitant et dépendant (F60.5, F60.6, F60.7)

  • Trouble non spécifié (F60.9)

  • Trouble mixte (F61)

  • Autres troubles F62 à F69 : changements de personnalité durables après une expérience catastrophique, troubles des impulsions, paraphilies, troubles sexuels divers, etc.


Les dates des contacts ont permis de distinguer :


  • Diagnostiqué avant la première consultation SIG (oui/non)

  • Diagnostiqué après la première consultation SIG (oui/non)


INTERVENTIONS DE TRANSITION MÉDICALE

Une personne a été considérée comme ayant eu une transition médicale si elle avait reçu :


  • un traitement hormonal (via achats remboursés code 121)

  • et/ou une chirurgie (mastectomie, vaginoplastie, phalloplastie)


ANALYSES STATISTIQUES

  • Réalisées avec SPSS Statistics 27

  • Comparaisons entre le groupe DG et les témoins :


    • Tableaux croisés (chi² ou test exact de Fisher)


  • Les diagnostics peu fréquents ont été regroupés pour les comparaisons

  • Régression de Cox utilisée pour :


    • Calculer les Hazard Ratios (HR) non ajustés

    • Contrôler les effets de l’année index, de l’âge, du sexe enregistré

    • Prendre en compte des temps de suivi différents


Deux analyses principales :


  1. Diagnostic F60–69 (hors F64.x)

  2. Diagnostic de TP borderline (F60.3)


Les analyses ont aussi testé les tendances temporelles (selon l’année index) et les effets du sexe enregistré dans chaque groupe.


⚠️ Le seuil de significativité a été fixé à p < 0,001 (pour tenir compte de la taille de l’échantillon et des tests multiples).



RÉSULTATS


DIAGNOSTICS DE TROUBLE DE LA PERSONNALITÉ

Dans le groupe DG, 15,0 % (551 sur 3 665) avaient reçu au moins un diagnostic de trouble de la personnalité (catégorie F60–69, hors F64) en soins psychiatriques spécialisés, contre 2,1 % (625 sur 29 292) dans le groupe témoin (p < 0,001).


Répartition des diagnostics :


  • 11,2 % (412 personnes) du groupe DG avaient un seul diagnostic F60–69

  • 2,9 % (105) en avaient deux

  • 0,9 % (34) en avaient trois ou plus


Chez les témoins :


  • 1,7 % (484) avaient un seul diagnostic

  • 0,4 % (110) en avaient deux

  • 0,1 % (29) en avaient trois ou plus


Le trouble de la personnalité le plus fréquent dans l’ensemble de l’échantillon était le trouble de la personnalité borderline (TPB) :


  • Prévalence globale : 1,8 %

  • Parmi ceux ayant un diagnostic F60–69 : 49,5 %


Le second plus fréquent était le trouble de personnalité mixte :


  • Prévalence : 0,6 %

  • Parmi les F60–69 : 21,3 %


Dans le groupe DG :


  • TPB : 7,3 %

  • Trouble mixte : 3,4 %


Chez les témoins :


  • TPB : 1,1 %

  • Trouble mixte : 0,4 %


Dans les deux cas, les différences sont significatives (p < 0,001).


CHRONOLOGIE DES DIAGNOSTICS

Parmi les personnes DG avec un diagnostic de TP :


  • 62,8 % (346/551) ont reçu leur premier diagnostic avant leur premier contact SIG

  • Chez les témoins, c’était 57,1 %


→ Différence significative (p = 0,027)


Dans l’ensemble :


  • Groupe DG :


    • 9,4 % (346) ont reçu un diagnostic avant leur contact SIG

    • 5,6 % (205) après


  • Groupe témoin :


    • 1,2 % (357) avant

    • 0,9 % (268) après


p < 0,001


DIFFÉRENCES SEXE / GENRE

Les différences selon le sexe/genre ont été analysées pour :


  1. Tous les troubles F60–69 (hors F64)

  2. TP borderline spécifiquement


Chez les témoins :


  • Les femmes avaient plus souvent un diagnostic F60–69 ou TPB que les hommes


Chez les personnes DG :


  • Les personnes demandant une GR vers masculin et celles vers féminin avaient toutes deux plus de diagnostics que leurs témoins, hommes ou femmes

  • La différence la plus marquée était entre les hommes témoins et les personnes DG demandant une GR vers masculin


Dans le groupe DG :


  • Pas de différence significative de prévalence globale des F60–69 selon le genre

  • Mais le TP borderline était plus fréquent chez celles et ceux demandant une GR vers masculin (p < 0,001)


RISQUES RELATIFS (HR – Hazard Ratios)

Après ajustement (année index, âge, durée de suivi) :


F60–69 (hors F64.x) :


  • DG vers masculin vs témoins masculins : HR = 15,1 [12,7 – 17,9]

  • DG vers masculin vs témoins féminins : HR = 7,0 [6,9 – 8,0]

  • DG vers féminin vs témoins féminins : HR = 6,1 [5,1 – 7,3]

  • DG vers féminin vs témoins masculins : HR = 11,9 [9,7 – 14,6]



TP borderline :


  • DG vers masculin vs témoins masculins : HR = 37,5 [27,2 – 51,6]

  • DG vers masculin vs témoins féminins : HR = 6,0 [5,0 – 7,2]

  • DG vers féminin vs témoins féminins : HR = 3,2 [2,4 – 4,3]

  • DG vers féminin vs témoins masculins : HR = 17,6 [11,8 – 26,3]


TENDANCES TEMPORELLES (1996–2019)

L’analyse de régression de Cox montre :


  • Une augmentation du risque de diagnostic de TP au fil des années (HR = 1,6 [1,6 – 1,7])

  • Les patients DG avaient presque 9 fois plus de risque de diagnostic que les témoins (HR = 8,8 [7,8 – 9,9])

  • Le sexe féminin était aussi associé à un risque accru (HR = 1,8 [1,6 – 2,0])


→ L’année de naissance ou l’âge au contact SIG n’étaient pas significativement associés.


Stratification par groupe :


  • L’année index augmentait le risque de TP aussi bien chez les personnes DG (HR = 1,6) que chez les témoins (HR = 1,7)

  • Le sexe féminin augmentait aussi le risque dans les deux groupes (DG : HR = 1,6, témoins : HR = 2,1)


Même constat pour le TP borderline :


  • HR global = 1,8

  • DG vs témoins : HR = 8,4

  • L’année index était prédictive dans les deux groupes



DISCUSSION


La présente étude montre que les personnes demandant une transition de genre (GR) étaient plus fréquemment diagnostiquées avec des troubles de la personnalité que les témoins appariés selon l’âge et le sexe. Le trouble de la personnalité borderline (TPB) est apparu comme le diagnostic de trouble de la personnalité le plus courant dans le groupe DG.


En examinant les différences selon le sexe/genre, les écarts les plus marqués ont été observés entre les hommes témoins et les personnes DG demandant une GR vers le masculin, ces dernières montrant une prévalence beaucoup plus élevée de troubles de la personnalité, en particulier de TPB. Notre étude a également examiné les tendances temporelles, révélant qu’entre 1996 et 2019, le risque de diagnostic de trouble de la personnalité a augmenté, aussi bien chez les personnes DG que chez les témoins.


Nos résultats confirment la plupart des recherches existantes indiquant une prévalence plus élevée des troubles de la personnalité dans le groupe DG, le TPB étant le plus fréquent. Notre contribution originale est de confirmer cette prévalence accrue dans un échantillon national très large, représentatif, couvrant une longue période, et incluant une comparaison directe avec des témoins de population appariés selon le sexe.


L’augmentation de la prévalence des troubles de la personnalité dans la population DG peut s’expliquer de plusieurs façons :


  • Il est plausible que les personnes DG soient plus susceptibles de solliciter une évaluation clinique, en lien avec leur souhait de GR, ce qui augmenterait les chances de poser un diagnostic.

  • Cependant, à l’inverse, une étude de Zimmerman et al. (2022) a montré que même chez les patients psychiatriques, les personnes transgenres présentaient des taux plus élevés de TPB et de troubles liés aux traumatismes que les autres patients psychiatriques.

  • D’autres études suggèrent l’existence d’un biais clinique, notamment une tendance à surréagir aux symptômes de TPB chez les minorités de genre (Denning et al., 2022 ; Rodriguez-Seijas et al., 2024).

  • À noter également : la prévalence des TP dans notre groupe témoin est plus faible que celle rapportée dans d’autres études épidémiologiques antérieures (Ekselius et al., 2001 ; Torgersen et al., 2001 ; Winsper et al., 2020), probablement parce que notre échantillon était plus jeune, et que les diagnostics de TP sont souvent posés à l’âge adulte.


Les différences les plus marquées ont été observées entre les témoins masculins et les personnes DG demandant une GR vers le masculin. Chez ces dernières, le risque de recevoir un diagnostic de TPB était 37,5 fois supérieur à celui des témoins masculins. En revanche, l’écart était moins prononcé avec les témoins féminins.


À l’intérieur du groupe DG, il n’y avait pas de différence significative selon le sexe/genre pour l’ensemble des diagnostics de TP. Cependant, le TPB seul était significativement plus fréquent chez les personnes demandant une GR vers le masculin.


Peu d’études ont examiné ces différences selon le genre, mais :


  • Heylens et al. (2014) ont observé que les femmes demandant une GR vers masculin, dont la dysphorie de genre apparaissait après l’enfance, étaient plus susceptibles de recevoir un diagnostic de TP.

  • Ils ont aussi noté que les personnes diagnostiquées TPB consultaient plus jeunes dans les services d’identité de genre.

  • Anzani et al. (2020) ont rapporté que les femmes transgenres (vers féminin) étaient plus susceptibles d’avoir un diagnostic de personnalité narcissique que les hommes transgenres.


Nos résultats soulignent une disparité marquée dans la prévalence des TP, en particulier du TPB, entre les personnes cherchant une GR vers masculin et les hommes témoins.


Les modèles multivariés ont montré que le risque de TP augmentait avec l’année du premier contact aux SIG, aussi bien dans le groupe DG que chez les témoins. Cela signifie que plus récemment les patients ont consulté, plus les diagnostics de TP étaient fréquents. Des études récentes en Occident ont aussi mis en évidence une augmentation progressive des diagnostics de TP au fil du temps, ce qui corrobore nos données (Gabryelska et al., 2023 ; Guilé et al., 2021 ; Klinkby et al., 2023).


CONSIDÉRATIONS MÉTHODOLOGIQUES


Forces de l’étude :


  • Échantillon très large et représentatif à l’échelle nationale

  • Données collectées sur près de 30 ans

  • Comparaison directe avec des témoins appariés

  • Les diagnostics sont issus de services psychiatriques spécialisés, où leur fiabilité est élevée (Sund, 2012)

  • Le système de santé finlandais est public, accessible sans barrières financières, ce qui renforce la représentativité


Limites :


  • Le registre de population ne fournit pas d’information directe sur le sexe légal, bien que les traitements hormonaux et chirurgicaux permettent d’en déduire l’intention de transition.

  • Il n’existe pas d’information dans les registres sur l’identité de genre déclarée (non-binaire, etc.)

  • Les outils de diagnostic peuvent varier selon les unités cliniques

  • L’échantillon ne représente pas toute la population de genre diversifié, car tout le monde ne consulte pas les cliniques spécialisées


CONCLUSION


Les personnes orientées vers les services spécialisés d’identité de genre sont plus fréquemment diagnostiquées avec des troubles de la personnalité, en particulier le trouble borderline.


Une disparité significative est observée entre les personnes DG demandant une transition vers masculin et les hommes témoins.


Plus d’informations sont nécessaires pour comprendre les causes sous-jacentes de ces constats. Il s’agit de la première étude longitudinale nationale fondée sur des registres confirmant les observations précédentes.


Les recherches futures devraient explorer les sous-populations spécifiques (binaires, non-binaires, adolescents, etc.), car il est possible que des différences importantes existent entre ces groupes.



📚 RÉFÉRENCES


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