Lettre ouverte de l'OPS en soutien à SEGM (Society for Evidence-Based Gender Medicine)
- La Petite Sirène

- 25 août
- 4 min de lecture

A l’attention des auteurs de la lettre publiée sur le site de l’Université McMaster le 14 août 2025
Gordon Guyatt, Romina Brignardello-Petersen, Sara Ibrahim, Yetiani Roldan-Benitez, Rachel Couban
Nous, médecins, psychologues et chercheurs, souhaitons exprimer notre soutien à la Society for Evidence-Based Gender Medicine (SEGM), dont le travail scientifique rigoureux et indépendant vise à inscrire la médecine du genre dans le cadre de la science médicale fondée sur les preuves.
Récemment, des critiques ont été émises à l’encontre de la SEGM, fondées non pas sur une analyse scientifique, mais sur des opinions et des ressentis (sources fragiles) ayant cédé aux pressions de groupes politiques.
Nous relevons que :
● Le Dr Gordon Guyatt, fondateur de la méthode GRADE, justifie ses « inquiétudes » à l’égard de la SEGM en s’appuyant sur une réponse à un éditorial du BMJ.
● Ni cet éditorial, ni la réponse citée, ne constituent des articles scientifiques évalués par des pairs : ce sont des diatribes politiques, sans valeur probante dans le débat médical.
● La SEGM est injustement qualifiée de « groupe haineux anti-LGBT » sur la base de désignations issues du SPLC (Southern Poverty Law Center) et relayées par des militants politiques, dont certains ont eux-mêmes tenu des propos radicaux voire violents.
Il est essentiel de rappeler que la science médicale ne peut être guidée par l’idéologie ni par des pressions politiques. Les méthodes d’évaluation des données (comme GRADE) n’ont de sens que si leurs conclusions influencent réellement la pratique médicale. Or, dans le contexte actuel, il semble que les résultats de l’évaluation scientifique soient rendus caducs par des présupposés idéologiques, ce qui mine gravement la confiance dans l’objectivité de la médecine.
Le syllogisme du paradoxe « Guyatt et al. »
Principe affirmé : Lorsque la certitude des preuves est faible ou très faible, il faut respecter l’autonomie et permettre l’accès au traitement.
Observation des revues systématiques : Les revues montrent que, pour les bloqueurs de puberté, les hormones et les mastectomies chez les jeunes, la certitude des preuves est faible ou très faible.
Conclusion de cette logique : Donc, plus les revues systématiques concluent que la certitude est faible : → plus il faudrait renforcer l’accès à ces traitements.
Conséquence implicite :
Le rôle critique des revues systématiques est annulé. Elles ne conduisent plus à davantage de prudence, mais deviennent paradoxalement un argument pour autoriser les traitements.
Autrement dit : faiblesse de la preuve = justification d’accès.
Invoquer « l’autonomie » comme principe médical est un contresens dans ce cas : des personnes que l’on va rendre dépendantes à des traitements hormonaux pendant plusieurs années, et même éventuellement toute leur vie, revient à leur faire perdre leur autonomie, sans même évoquer les risques iatrogènes connus des traitements hormonaux prolongés, en particulier (mais pas seulement) dans le domaine carcinologique.
Une inversion qui discrédite la médecine fondée sur les preuves
Ce paradoxe mine le cœur même de la méthode GRADE, le tout élaboré par la même personne !
En effet :
● Le principe fondateur du GRADE est de guider les décisions médicales en fonction du niveau de certitude des preuves.
● Mais si une faiblesse de preuve devient un argument de mise en place d’un traitement, alors la méthode est biaisée, privée de sa fonction de protection des patients.
● Dans ce renversement, les revues systématiques ne jouent plus leur rôle d’outil d’évaluation rigoureux ; elles deviennent des prétextes idéologiques pour imposer des pratiques médicales discutables.
Ce qui doit guider tout acte médical est le principe du primum non nocere. Mettre en place un traitement lourd, potentiellement irréversible, puis traiter toute leur vie des personnes sans avoir la preuve objective que cela améliorera leur état de santé contrevient gravement à ce principe essentiel de toute pratique médicale.
Autrement dit, le paradoxe « Guyatt et al. » ne discrédite pas seulement l’application du GRADE : il en dénature la logique même. C’est une menace pour l’intégrité de la médecine fondée sur les preuves, qui risque de se transformer en simple rhétorique légitimatrice au service d’agendas militants.
Nous affirmons au contraire que :
● La SEGM est composée de médecins et de chercheurs soucieux d’une évaluation rigoureuse et impartiale des données concernant les mineurs transidentifiés.
● Elle joue un rôle crucial en rappelant que la médecine doit rester au service des patients, et non des combats politiques.
● La SEGM est très respectée en Europe et notamment en France et en Belgique (notre collectif de scientifiques est franco-belge)
● La diabolisation d’un groupe de médecins engagés dans la médecine reposant sur les faits est non seulement injuste et discriminante, mais dangereuse pour la santé publique.
Enfin, nous mettons en garde : lorsque l’idéologie supplante la science, ce sont les patients qui en paient le prix. Chacun d’entre nous peut, un jour, se trouver dépendant de décisions médicales critiques. Il est donc vital que celles-ci soient prises sur la base de données solides et évaluées avec rigueur, non sous l’emprise d’accusations diffamatoires ou d’agendas militants.
C’est pourquoi nous exprimons notre plein soutien à la SEGM et appelons la communauté médicale et scientifique à défendre la médecine fondée sur les preuves contre toute tentative de politisation.
Signatures :
Céline Masson, PhD, HDR, professeure de psychopathologie de l’enfant et de l’adolescent, Université de Picardie Jules Verne
Caroline Eliacheff, MD, pédopsychiatre
Jacques Robert, MD PhD, Professeur honoraire de cancérologie à l’Université de Bordeaux
Beryl Koener, MD PhD, pédopsychiatre
Albert Bensman, MD PhD, Professeur honoraire de pédiatrie à Sorbonne Université
Christian Flavigny, pédopsychiatre, Ancien chef-de-clinique Assistant des hôpitaux de Paris
Patrick Miller, M.D. psychiatre, psychanalyste
Paul Denis, MD, neuropsychiatre
Nathalie Lutz, MD, pédopsychiatre
Dominique Crestinu, MD, gynécologue
Jean-Pierre Winter, psychanalyste
Jacqueline Schaeffer, psychanalyste, membre titulaire de la SPP
Jean-Pierre Lebrun, MD, psychiatre
Claire Squires, MD PhD, Maître de conférences honoraire à l’Université Paris Cité
Thierry Delcourt, MD, pédopsychiatre
Nicole Athea, MD, gynécologue, endocrinologue
Manuel Maidenberg, pédiatre





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