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Combien de sexes ? Combien de genres ?

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    La Petite Sirène
  • il y a 1 jour
  • 4 min de lecture

Commentaire : Combien de sexes existe-t-il ? Combien de genres existe-t-il ?

Publié : 10 septembre 2025

Trad. Fr.


Combien de sexes ?


Deux (Parker, 2011).


Combien de genres ?


Le philosophe et intellectuel public britannique C. E. M. Joad était un intervenant régulier de l’émission radiophonique de la BBC The Brains Trust pendant et après la Seconde Guerre mondiale. Il commençait souvent ses réponses aux questions des auditeurs par sa phrase fétiche « It all depends what you mean by… » (« Tout dépend de ce que vous entendez par… »), qui devint populaire dans tout le pays (Ayto & Crofton, 2011). S’il y a bien une question qui mérite cette phrase de Joad, c’est « Combien de genres ? »


Un sens de « genre » est « sexe », un usage qui remonte au XVe siècle (Oxford University Press, 2025). Si telle est l’interprétation voulue, alors la réponse à la question est « Deux » (voir ci-dessus). Un autre sens a été introduit dans le livre de Robert Stoller de 1968 Sex and Gender :


Le genre est la quantité de masculinité ou de féminité que l’on trouve chez une personne et, évidemment, bien qu’il y ait des mélanges des deux chez de nombreux humains, l’homme normal a une prédominance de masculinité et la femme normale une prédominance de féminité. (Stoller 1968, pp. 9–10)

Si nous prenons cet usage de « genre » au sérieux, « Combien de genres ? » n’est pas une question claire. Stoller lui-même répond « Deux », écrivant sur « deux sexes biologiques, masculin et féminin, avec deux genres résultants, masculin et féminin » (p. 29). Toutefois, dans l’esprit de Stoller, on pourrait tout aussi bien considérer chaque « mélange » spécifique de masculinité et de féminité comme un « genre », auquel cas la réponse à notre question est « Indéfiniment nombreux ».


En fait, tout autre usage de « genre » rend le comptage des genres problématique. Prenons, par exemple, l’Organisation mondiale de la santé :


Le genre renvoie aux caractéristiques des femmes, des hommes, des filles et des garçons qui sont socialement construites. Cela inclut les normes, comportements et rôles associés au fait d’être une femme, un homme, une fille ou un garçon, ainsi que les relations entre eux. En tant que construction sociale, le genre varie d’une société à l’autre et peut évoluer au fil du temps. (Organisation mondiale de la santé, s.d.)

L’OMS n’explique pas ce que signifie qu’une caractéristique soit « socialement construite ». Mais, vraisemblablement, « principal·e aidant·e » et « porteur·euse de robe » sont des exemples de caractéristiques socialement construites (normes, comportements, rôles), telles que l’OMS les comprend. Assumer la responsabilité principale des soins aux enfants est associé au fait d’être une femme dans toutes les sociétés humaines ; porter une robe est associé au fait d’être une femme seulement dans certaines sociétés. Si chaque caractéristique de ce type est un « genre », alors il y en a énormément.


L’Association américaine de psychologie propose un compte rendu similaire, quoique comportant encore plus de problèmes. Selon le Dictionary of Psychology de l’APA, « genre » renvoie aux :


rôles, comportements, activités et attributs socialement construits qu’une société donnée considère comme appropriés pour différents genres. (American Psychological Association, 2023)

Comme l’OMS, l’APA n’explique pas ce que signifie « socialement construit ». Pire, la définition du « genre » par l’APA utilise le mot lui-même, rendant la définition circulaire. Un autre exemple de circularité se trouve dans le Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders actuel :


Le genre est utilisé pour désigner le rôle vécu, public, socioculturel (et généralement reconnu légalement) en tant que garçon ou fille, homme ou femme, ou autre genre. (American Psychiatric Association, 2022, p. 511)

Parfois, « genre » est utilisé comme abréviation de « identité de genre » — dans sa forme contemporaine, une notion d’une cohérence discutable (voir Byrne, 2023a, 2023b ; Haig, 2023 ; Janssen, 2023). Turban (2024) a récemment estimé le nombre d’identités de genre à « presque infini » (p. 50).


En bref, « le genre est un bourbier » (Quintana & Pfaus, 2024, p. 2964). La mode actuelle du « genre/sexe » ne fait que nous enfoncer plus profondément dans la vase. Selon DuBois et Shattuck-Heidorn (2021), « genre/sexe » (ou « sexe/genre ») signifie « l’enchevêtrement biosocial du sexe et du genre » (Tableau 1, p. 3). Le « genre » est expliqué comme « des expériences sociales et structurelles contextualisées culturellement ainsi que des expressions d’identité » (Tableau 1). Enchevêtrer biosocialement ces expériences et expressions avec le sexe donne apparemment plus d’un résultat, car DuBois et Shattuck-Heidorn parlent de « personnes de tous genres/sexes » (p. 10). Combien de genres/sexes y a-t-il, et quel en est un exemple ? DuBois et Shattuck-Heidorn ne le disent pas. Un nouvel article de Fausto-Sterling (2025) mentionne « l’hypothèse de base selon laquelle le genre/sexe est dichotomique ou binaire » (p. 1), une hypothèse que Fausto-Sterling souhaite manifestement remettre en question. Puisque Fausto-Sterling n’explique jamais ce que le genre/sexe est censé être, l’hypothèse de base reste obscure.


Le « genre/sexe » reçoit bien une définition détaillée de van Anders (2015) : « Des personnes/identités entières et/ou des aspects de femmes, d’hommes et de personnes qui concernent l’identité et/ou ne peuvent pas vraiment être attribués spécifiquement au sexe ou au genre » (Tableau 2). C’est difficile à comprendre. De manière déroutante, « trans » et « transgenre » sont donnés comme exemples de « genre » ; « trans » et « transsexuel » comme exemples de « sexe » ; et « femme trans » et « homme trans » comme exemples de « genre/sexe » (Tableau 2, p. 1181).


Comme la citation de la première section l’indique, le « sexe » est indispensable. La morale de la seconde section est que la sexologie et la science en général se porteraient mieux sans le « genre ».



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