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  • Photo du rédacteurLa petite Sirène

Témoignage recueilli par Magali Pignard

Dernière mise à jour : 1 mars



Chloé est une jeune femme de 23 ans, qui s'est identifiée trans à l'âge de 15 ans. Elle a reçu un diagnostic d'autisme à l'âge de 21 ans.

 

Je ne me suis jamais vraiment intégrée dans les groupes sociaux, dans mes classes au collège ou au lycée, je n’ai jamais été comme les autres filles à l’époque, à aimer les robes ou le maquillage, j’aimais spider-man, lire des mangas et regarder des films d’horreur, pas des choses tout à fait féminines. Je me suis toujours sentie à part, à traîner sur internet, avoir peur de parler aux autres et à rester dans mon coin parce que les gens me trouvaient « bizarre » sans vraiment que je comprenne pourquoi, ma puberté qui est arrivée très tard et qui me valait d’être encore « une petite fille » à 15 ans.

C’est ce sentiment d’être à part qui a bien aidé ce qui est arrivé, ce sentiment de ne pas s’intégrer qui a été confondu avec de la dysphorie, l’argument étant que si je n’étais pas comme les autres filles, c’était forcément parce que j’étais un garçon dans le corps d’une fille, et que l’unique solution pour me faire me sentir mieux, c’était la transition. La notion de dysphorie du genre, de transsexualité, de communauté LGBT m’était totalement étrangère, c’est ce groupe qui m’a fait connaître tout ça, sans que je ne demande rien à personne.

Hors, ça n’a jamais été le cas, une fois avoir entamé ma transition sociale et physique, m’être coupé les cheveux, m’habiller comme un garçon, me mettre un bandeau autour des seins pour cacher ma poitrine qui commençait à apparaître, je ne me sentais encore plus mal qu’avant dans mon propre corps, quelque chose n’allait pas, j’avais l’impression de faire l’autruche sur un problème évident, la scarification est devenu une solution pour soulager ce problème, puisque après cette transition, je m’intégrais encore moins et avait été mise dans la case « LGBT » par les autres, ils me soutenaient certes, mais ne m’intégrait pas pour autant dans leur groupe, je me sentais mal dans mon corps,plus que tout, et de moins en moins à l’aise socialement.

Après avoir coupé les ponts avec ce groupe, l’idée de transition m’est devenue absurde, j’ai tout arrêté, j’ai recommencé à me découvrir en tant que femme, et j’ai commencé à me sentir bien dans mon corps, j’étais à l’aise avec la femme que j’étais, mais un sentiment de mal être restait, je n’étais toujours pas comme les autres, ne comprenait pas leur manière de penser ou de s’exprimer pour certains sujets, d’exprimer leurs émotions, je n’étais pas comme eux, les exprimaient de manière différente, parlait de manière différente, ce qui m’a valu beaucoup de prise de tête avec mes « amis » de l’époque et mes petits amis.

Durant tout ce temps, l’idée de ne pas être née dans le bon corps ne m’est plus jamais revenu à l’’esprit. C’est en 2022, quand ma mère m’a emmené faire un diagnostique avec un spécialiste sur l’autisme, que j’ai compris, que toutes les questions ont eu leurs réponses, je suis autiste asperger, si je ne réfléchis pas comme les autres ce n’est pas parce que je suis bizarre ou que je suis un alien, si je n’exprime pas mes sentiments comme les autres ce n’est pas parce que je suis débile ou égoïste à ne penser qu’à moi et jamais aux autres, si je ne suis pas comme les autres filles ou comme les normes du genre féminin ce n’est pas parce que je suis un garçon dans le corps d’une fille, c’est parce que je suis autiste, et si on me l’avait dit avant tout, je n’aurais jamais douté de mon genre ou de moi, j’aurais su et je n’aurais pas eu ce mal être durant des années. Si on m’avait dit : «tu es autiste et ne pas être conforme à la norme du genre féminin, ça ne veut pas dire que tu n’es pas une femme », je n’aurais pas fait des allés-retours à l’hôpital pour tentative de suicide, et je n’aurais pas de marques sur le bras.

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