Témoignage d'un père d'une adolescente transidentifiée : Solenn, 17 ans
- La Petite Sirène

- 30 août
- 5 min de lecture

Le contexte :
Notre fille, Solenn, âgée de 17 ans, a exprimé depuis l’âge de 13 ans la volonté de devenir un garçon. En tant que parents, le choc a été très fort. Nous avons été suivis psychologiquement et nous nous sommes documentés sur le sujet. Nous avons appris les méthodes utilisées par certains groupes « extrémistes » sur les réseaux sociaux, qui expliquent aux préadolescents que, s’ils ne se sentent pas bien dans leur corps de fille, c’est qu’elles sont des garçons. (Ce qui est aberrant : pourquoi préciser le genre, sinon pour orienter l’enfant ? À ces âges, on ne se sent pas bien dans un corps qui change, il n’y a aucune nécessité à préciser le genre.) Nous avons tenté de lui faire consulter plusieurs psychologues mais, étant donné que ces derniers n’étaient pas sur leur « friendly list », elle a toujours refusé. Très fermée sur le sujet, le dialogue était impossible, elle refusait catégoriquement tout argument contradictoire.
Le temps a passé jusqu’au jour de ses 17 ans. Dernière année, il fallait agir en tant que parents. La maturation cérébrale étant estimée à 24 ans, nous devions la protéger contre les dangers de la chirurgie et de la prise d’hormones dès l’âge de 18 ans, car beaucoup de personnes ayant détransitionné le regrettent toute leur vie, certains effets étant irréversibles. Nous lui avons donc demandé si elle acceptait de rencontrer un endocrinologue pour une réunion d’information, ce à quoi elle a répondu favorablement.
Les faits :
Nous avons été reçus, ma fille, sa mère et moi-même. Je précise que sa mère et moi sommes divorcés mais partageons la même vision de la société.
Invités à nous asseoir, le médecin ne nous a pas demandé l’objet du rendez-vous et s’est adressé directement à notre fille en lui demandant, pour commencer, comment elle souhaitait être genrée. Il a poursuivi en lui demandant ses antécédents médicaux, ses éventuelles allergies, etc., mais surtout en lui expliquant quels droits elle avait et qu’il existait des « trucs légaux » pour être orientée vers des médecins pro-LGBT, certains autres « faisant mal le boulot » (sous-entendu volontairement).
Puis, elle nous a parlé de son père, avec des propos tellement choquants que je ne me souviens plus comment elle en est arrivée là. Elle a dit, je cite : « Mon père est mort et je m’en réjouis, ce n’est pas une grosse perte. » Tellement estomaqués, nous n’avons rien répondu, pensant avoir mal compris. Après concertation avec la mère de notre fille, nous avons confirmé que nous avions bien compris la même chose.
Le médecin s’est ensuite adressé à la mère de ma fille en la nommant « Parent 1 », en lui posant les mêmes questions, auxquelles elle a répondu. Puis il s’est adressé à moi en me posant les mêmes questions, mais en me nommant « Parent 2 ».J’ai alors vivement protesté en expliquant que j’étais le père, le papa de Solenn, et qu’il n’y avait pas de hiérarchie entre les parents. La seule réponse qu’il m’a donnée fut que c’était écrit ainsi sur son logiciel. Mais, tout au long de l’entretien, jamais il ne m’a nommé « père » ou « papa ».
Alors que j’expliquais que ma mère était décédée d’un cancer du sein, j’ai perçu un rictus sur son visage lorsqu’il a répondu : « Ah très bien, intéressant. »Il a ensuite expliqué à ma fille que le fait d’enlever la poitrine réduirait considérablement les risques de cancer du sein. Il a tout de même ajouté que, moi (son père) étant chauve, il y avait des risques qu’elle perde ses cheveux.
Ses questions étant très orientées, j’ai alors pris la parole en expliquant que nous n’étions pas là pour savoir comment se déroulait une transition, mais pour être sensibilisés aux risques et comprendre. Je lui ai dit que, pour accepter quelque chose, nous avions besoin de le comprendre, que cela faisait partie du processus. À cela, ce médecin m’a répondu : « Parfois il y a des choses que j’accepte alors que je ne les comprends pas. »
Je reprenais mes esprits après cette réponse — dont je n’ai pas les mots pour qualifier l’absurdité, surtout venant d’un médecin. J’ai alors utilisé une image : je lui ai demandé si, face à un contrat important qu’elle ne comprendrait pas, elle le signerait malgré tout ? Sa réponse : « J’ai mes avocats pour ça ! »
Suite à cette réponse d’un autre monde, je commençais, je l’avoue, à perdre mon sang-froid. Il s’en est suivi une bataille d’arguments et de contre-arguments (depuis le « coming out » de notre fille, nous avions eu le temps de potasser).
Le médecin nous expliquait que la prise d’hormones et la chirurgie l’aideraient à se sentir mieux dans sa tête. (Comment peut-on, en toute conscience, mettre dans la tête d’un enfant de 12 à 17 ans que le fait de mutiler son corps l’aidera à aller mieux ? Il n’y a pas plus influençable qu’un adolescent, et le bon sens veut que ce soit l’inverse.)
Il affirmait qu’une détransition était possible, mais marginale, et qu’elle pourrait reprendre sa vie de jeune fille tout à fait normalement. (C’est-à-dire avec une voix masculine — la voix ne redevenant pas féminine —, chauve car les cheveux ne repoussent pas, obèse car la masse musculaire acquise grâce à la testostérone se transforme en masse graisseuse, et avec une barbe qui continue à pousser malgré l’arrêt du traitement). Ce médecin nous a donc sciemment menti, à nous parents comme à notre fille !!!
Il a ensuite tenté de me culpabiliser en expliquant qu’en genrant ma fille au féminin, je participais à son mal-être, et m’a demandé pourquoi j’agissais de la sorte (alors que ma fille était présente). Je lui ai expliqué qu’elle n’avait que 17 ans, donc qu’elle était mineure, que sur son état civil figurait le « F » de féminin, que j’étais son représentant légal et que ses chromosomes sexuels étaient XX.
C’est alors que ce médecin, peut-être à court d’arguments, a annoncé avoir fait sa propre transition à l’âge de 46 ans. Je lui ai rétorqué qu’elle me donnait raison : elle avait transitionné à un âge où l’on est pleinement conscient de ses actes. Elle m’a répondu : « Oui, mais quel temps perdu, pour moi cela a été 46 ans de souffrance psychologique. »
46 - 18 = 28 : pourquoi avoir attendu 28 années pour transitionner si la souffrance était si insupportable ? Je n’ai toujours pas la réponse…
C’est alors que ce prétendu médecin, qui a un devoir de neutralité (je ne vous apprends rien), a sorti la carte magique : « De toute manière, vous êtes un homme cis, blanc et hétéro, vous ne pouvez donc pas comprendre ! »
À cette phrase, je suis sorti du cabinet en invitant la mère de ma fille et ma fille à me suivre, expliquant que cela ne servait à rien : nous étions devant un juge et partie. Je précise qu’une plainte a été déposée au commissariat pour diffamation en raison de ma couleur de peau, de mon sexe et de mon orientation sexuelle.
Conclusion :
À mes yeux, ce médecin n’est ni plus ni moins qu’un transactiviste, un danger pour les enfants — surtout mineurs. Nous avions l’impression que tout était prêt pour que notre fille entame sa transition hormonale le jour même, et qu’il ne restait plus qu’à prendre rendez-vous pour une ablation de la poitrine. Depuis ce jour, je suis devenu le mal incarné aux yeux de ma fille, car elle a entendu ce qu’elle voulait entendre et que je m’y suis opposé — pour son bien. (Si elle souhaite le faire à 30 ans ou plus tard, soit, mais pas à 18 ans et encore moins étant mineure.)
Mots-clés : transidentification, témoignage, parents, médecin transaffirmatif





Commentaires