Spotlight on McDeavitt's literature review by Beryl Koener
- La Petite Sirène
- 13 juin
- 6 min de lecture
Dernière mise à jour : 26 juin
McDeavitt, K., Cohn, J. & Kulatunga-Moruzi, C. Pediatric Gender Affirming Care is Not Evidence-based. Curr Sex Health Rep 17, 12 (2025).
Cette revue de littérature évalue les résultats tant sur les bénéfices que sur les risques liés à l’usage de bloqueurs de puberté (PB for puberty blockers ) et d’hormones croisées, dites d’affirmation du genre (GAH, gender-affirming hormones) en population pédiatrique pour indication de dysphorie de genre.
Pour ce faire, elle effectue une revue :
1. De toutes les études cliniques (études non randomisées ou études de recherche clinique observationnelle) disponibles à ce jour sur l’utilisation des bloqueurs de puberté (PB for puberty blockers ) et des hormones croisées, dites d’affirmation du genre (GAH, gender-affirming hormones) en population pédiatrique pour indication de dysphorie de genre.
2. De toutes les revues systématiques disponibles à ce jour sur l’utilisation des BP et des GAH en population pédiatrique pour indication de dysphorie de genre.
Pour rappel, selon la « pyramide des preuves » reconnue par Chochrane Library et Open MD (“Evidence Pyramid.” https:// s4be.cochrane.org/blog/2014/ 04/29/the-evidence-based-medic ine-pyramid/), l’on sait que les revues systématiques et leurs méta-analyses se situent au sommet de la pyramide de validité des preuves.
Résultats: Sécurité et Efficacité des PBs/GAH: Individual Research Studies / études cliniques (Base de la Pyramide) :
---> le tableau 1 de la revue reprend les études en recherche clinique portant sur la sécurité et les risques.
--->le tableau 2 de la revue reprend les études en recherche clinique portant sur l’efficacité et les bénéfices.
Ces deux tableaux de la revue reprennent les données statistiquement relevantes issues des études.
Þ En ce qui concerne la sécurité de la PB/GAH dans cette population, 11 études longitudinales ont constaté une diminution de la minéralisation osseuse avec l'utilisation de PB; deux études à plus long terme ont montré que la minéralisation osseuse revenait à son niveau de référence avant traitement après 3 à 11 ans de traitement subséquent par GAH chez les femmes de naissance, mais pas chez les hommes de naissance
Þ Plusieurs études longitudinales portant sur les résultats métaboliques après l'utilisation de PB et/ou GAH ont rapporté une augmentation de l'indice de masse corporelle (IMC) ainsi que des modifications athérogènes des profils lipidiques sanguins.
Þ Environ la moitié des ces études ont rapporté une amélioration d'au moins un résultat de santé mentale; cependant, la plus large étude a rapporté une aggravation de la santé mentale, mesurée par une augmentation de la prise de médicaments psychotropes (Hisle-Gorman E et al.. J Sex Med. 2021;18(8):1444–54), et il y a eu deux suicides de patients dans une étude (Chen D,N Engl J Med. 2023;388(3):240–50). Sept études n'ont pas observé de changement dans les résultats en santé mentale, et une étude de cohorte a rapporté que l'amélioration était similaire entre un groupe traité avec des PBs et un groupe traité uniquement par psychothérapie (Costa R et al. . J Sex Med. 2015;12(11):2206–14).
N.B : Sont également inclues le petit nombre d’études ayant à ce jour évalué la fonction sexuelle, et les résultats chirurgicaux en fonction des traitements préalables (âge de commencement, type de traitement…)[1],
--> les résultats sont éparses concernant la fonction sexuelle
--> les résultats soulignent un plus grand nombre de vaginoplasties intestinales chez les patients traités par PB au stade de Tanner II ou III.
Résultats: Sécurité et Efficacité des PBs/GAH: Systematic Reviews and Meta‐Analyses/ Revues systématiques et méta-analyses : (Top of Pyramid / Haut de la pyramide des preuves)
---> La revue reprend dans le tableau 3 les résultats de toutes les revues systématiques.
Þ Une de ces revues, commandée par les autorités sanitaires en Finlande en 2019, n'est pas disponible en anglais.
Þ Deux revues (Rew L, et al. . Child Adolesc Ment Health. 2021;26(1):3–14.; Ramos GGF, et al. J Endocrinol Invest. 2021;44(6):1151–8) étaient moins rigoureuses (elles n'ont pas évalué la qualité du corpus de preuves). Ce manque de rigueur a été noté par la revue de synthèse (« Umbrella review », qui a évalué leurs méthodologies comme étant critiques faibles (Brignardello-Petersen R, et al. Available from: https://ahca.myflorida.com/letkidsbekids/docs/AHCA_GAPMS_ June_2022_Attachment_C.pdf).
Þ Les revues systématiques rigoureuses :
a. soulignent que la majorité des études sur le sujet présentent des faiblesses méthodologiques telles que le manque de suivi à long terme, l'absence de groupes comparatifs, la perte importante de participants, et l'absence de contrôles pour les facteurs confondants. Il n'existe pas d’études randomisées, et l'hétérogénéité des populations et interventions limite la possibilité d’analyse approfondie.
b. Les revues systématiques ayant utilisé la méthode GRADE pour évaluer la certitude des preuves ont généralement trouvé des preuves de très faible certitude concernant les bénéfices du traitement. Cela signifie que l'effet réel des PBs/GAH (c’est-à-dire l’impact sur les résultats en santé mentale, qu’il soit lié à la dysphorie de genre, à la dépression, au risque de suicide, etc.) est susceptible d’être substantiellement différent des résultats rapportés.
c. Le reste des revues rigoureuses a utilisé d’autres approches (mais standardisées) pour l’évaluation des preuves : En accord avec les résultats des revues systématiques utilisant GRADE, ces revues ont conclu que les preuves concernant l’utilisation de PB/GAH dans cette population étaient plutôt faibles.
Résultats : interventions chirurgicales en population de mineurs :
La revue ne discute pas des effets des interventions chirurgicales sur mineurs, mais reprend dans les tableaux 1 et 2, 3 études cliniques à ce jour publiées relatives aux interventions chirurgicales pour mineurs[2], et fait référence à la revue systématique de littérature et méta-analyse sur les mastectomies récemment publiée[3].
Þ Les preuves concernant les résultats des interventions chirurgicales d'affirmation de genre chez les enfants et adolescents se sont également révélées limitées.
Þ Une revue systématique récente sur la mastectomie chez les jeunes souffrant de dysphorie de genre (Miroshnychenko A . et al.) a trouvé des preuves de faible ou très faible certitude concernant les résultats en santé mentale, et des preuves de haute certitude montrant qu'il existe au moins un risque accru de préjudice (y compris nécrose et cicatrices excessives).
Þ La « Umbrella Review » (revue des revues) (Brignardello-Petersen R, et al. Available from:https://ahca.myflorida.com/letkidsbekids/docs/AHCA_GAPMS_ June_2022_Attachment_C.pdf) a également trouvé que les preuves concernant les interventions chirurgicales d'affirmation de genre chez les adolescents étaient de faible ou très faible certitude tout comme une revue systématique récente (Dopp AR.,et al)[4].
Discussion et conclusion (traduction de passages de l’article) :
- « En se basant sur l’état actuel des preuves, il est impossible de déterminer quel type d’impact – favorable, neutre ou défavorable – des soins d’affirmation de genre sous forme de PB/GAH pourrait avoir sur les résultats en santé mentale, y compris la dysphorie de genre ou le risque de suicidage/suicide. Les preuves concernant les risques tels que la diminution de la minéralisation osseuse ou le développement de problèmes métaboliques sont également de faible ou très faible certitude. Cependant, cela ne remet pas en cause le fait que l’infertilité constitue un effet secondaire attendu du traitement chez certains patients, tout comme la possibilité de dysfonctionnement sexuel à long terme ».
- « Si l’utilisation de PBs/GAH est entreprise dans le but d’obtenir un impact favorable sur la santé mentale (par exemple, dysphorie de genre, suicidalité) ou sur des paramètres adjacents (par exemple, qualité de vie, fonctionnement psychosocial), les cliniciens doivent être conscients que les preuves pour appuyer l’utilisation des PB/GAH pour ces indications sont remarquablement faibles. Sur la base des preuves existantes, il est impossible de déterminer quels effets les PBs/GAH peuvent avoir sur la santé et le bien-être des mineurs souffrant de détresse liée au genre. Par conséquent, il est inexact de qualifier la pratique actuelle de soins d’affirmation de genre pédiatriques de « basé sur des preuves » (EBM) .
[1] - van de Grift TC, van Gelder ZJ, Mullender MG, Steensma TD, de Vries ALC, Bouman MB. Timing of puberty suppres- sion and surgical options for transgender youth. Pediatrics. 2020;146(5):e20193653.
- Bungener SL, de Vries ALC, Popma A, Steensma TD. Sexual experiences of young transgender persons during and after gen- der-affirmative treatment. Pediatrics. 2020;146(6):e20191411.
- Van Der Meulen IS, Bungener SL, Van Der Miesen AIR, Hannema SE, Kreukels BPC, Steensma TD, et al. Timing of puberty suppression in transgender adolescents and sexual func- tioning after vaginoplasty. J Sex Med. 2024;22(1):196–204.
[2] - Ascha M, Sasson DC, Sood R, Cornelius JW, Schauer JM, Runge A, Muldoon AL, Gangopadhyay N, Simons L, Chen D, Corco- ran JF. Top surgery and chest dysphoria among transmasculine and nonbinary adolescents and young adults. JAMA Pediatr. 2022;176(11):1115–22. Available from: https://jamanetwork. com/journals/jamapediatrics/fullarticle/2796426.
- Milrod C, Karasic DH. Age is just a number: WPATH-affili- ated surgeons’ experiences and attitudes toward vaginoplasty in transgender females under 18 years of age in the United States. J Sex Med. 2017;14(4):624–34.
- Olson-Kennedy J, Warus J, Okonta V, Belzer M, Clark LF. Chest reconstruction and chest dysphoria in transmasculine minors and young adults. JAMA Pediatr. 2018;172(5):431–6.
[3] Miroshnychenko A, Roldan YM, Ibrahim S, Kulatunga-Moruzi C, Dahlin K, Montante S, Couban R, Guyatt G, Brignardello- Petersen R. Mastectomy for individuals with gender dysphoria below 26 years of age: a systematic review and meta-analy- sis. Plast Reconstr Surg. 2021:10–97.
[4] Dopp AR. Interventions for gender dysphoria and related health problems in transgender and gender-expansive youth: A system- atic review of benefits and risks to inform practice, policy, and research. Rand Health Q. 2024;12(2):2.
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