Le trans-palestinisme : une convergence des luttes
- La Petite Sirène
- 11 oct.
- 4 min de lecture

Par Céline Masson et Caroline Eliacheff, directrices de l’OPS – Observatoire des discours idéologiques sur l’enfant et l’adolescent
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Dans son dernier ouvrage, Les Nouveaux antisémites[1], la journaliste Nora Bussigny montre comment l’ultragauche s’efforce de fédérer les « antifascistes » — militants LGBT dont les associations trans, associations islamistes, étudiants et féministes décoloniaux — dans une convergence des luttes autour d’un ennemi commun, criminalisé et diabolisé.
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Cette alliance paradoxale, illustrant la rhétorique de l’intersectionnalité, réunit, sous la bannière du progressisme et de la lutte pour les droits, des acteurs aussi divers que des islamistes, des féministes ou des militants LGBT. Tous peuvent ainsi siéger côte à côte, voire main dans la main, au nom de la lutte contre les « discriminations » dont les « fascistes » ou « l’extrême droite » seraient coupables. Ces vertueux, promus ou soutenus par certains élus en général plutôt de gauche, fascinés par leur verve pseudo-révolutionnaire, ponctuent leur discours des épithètes désormais obligées : « -phobe », « réactionnaires » ou « extrême droite », véritables mots de passe pour infiltrer les institutions.
Quand on sait comment le Hamas traque les homosexuels gazaouis sur les réseaux sociaux (sans même parler des trans) afin de les enfermer voire les exécuter, on peut s’interroger sur le soutien au palestinisme ou plus exactement, à l’ « islamo-palestinisme » (Pierre-André Taguieff).
Un événement-symptôme

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Pour preuve, nous souhaiterions évoquer un « événement-symptôme » apparemment anecdotique s’il ne nous concernait pas, mais révélateur à la fois de l’alliance entre LGBT et palestinisme et de l’entrisme militant au sein des cercles académiques.
Dans le cadre d’un cycle de conférences autour du thème des « transidentités et questionnement de genre », le directeur de l’Institut Contemporain de l’Enfance, Bernard Golse, pédopsychiatre défenseur du débat d’idées et du progressisme, a trouvé intéressant d’inviter le 9 octobre aux côtés de la psychanalyste Laurie Laufer, Morgan N. Lucas, annoncé « thérapeute, formateur sur les questions de diversité de genres et de sexualités et professeur vacataire à l’Université ». Il s’agit en réalité d’un activiste qui s’arroge un titre de « professeur vacataire » qui n’existe pas mais lui permet d’être invité dans des cercles académiques.
Or, il suffit d’aller visiter la page Instagram de Morgan N. Lucas pour comprendre à qui l’on a affaire. À l'occasion d'un événement organisé avec Urgence Palestine, il illustre on ne peut mieux la convergence trans/Palestine en déclarant face caméra :
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« Le seul moyen de s'en sortir, c'est vraiment la convergence des luttes. [...] Un événement qui récolte à la fois des fonds pour la Palestine et pour la cause trans, quel rapport ? Mais c'est absolument profondément lié : la cause palestinienne est profondément liée à la cause trans. Deux axes principaux, c'est à la fois l'autodétermination de notre identité, et ça, ça traverse absolument toutes les luttes, mais aussi la libre disposition de nos corps: la libre disposition du corps des femmes, donc aussi ça touche à la santé reproductrice, à la libre disposition des corps ouvriers face au capital, c'est aussi la libre disposition du corps des populations qui sont colonisées et génocidées, donc bien évidemment que les luttes trans et les luttes palestiniennes vont de concert, et que la libération des uns ne va pas sans la libération des autres. »
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Pourtant, depuis le massacre pogromiste du 7 octobre 2023, certains militants LGBT issus de l’ultragauche — à l’instar de celui auquel nous faisons ici allusion, au vu de ses propos — se sont engagés dans une véritable traque aux « sionistes », c’est-à -dire aux Juifs, et plus particulièrement aux Juifs LGBT, toujours au nom du progressisme et de la lutte contre les prétendus « fascistes » et « homonationalistes ».
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Dans cette logique militante, la figure du « fasciste » commun devient une catégorie fourre-tout englobant des Juifs – accusés d’être des « génocidaires » -, des féministes, des responsables politiques, des journalistes, ainsi que ceux qui, comme nous, sont qualifiés de « transphobes » pour avoir exprimé une inquiétude légitime face à la médicalisation de mineurs en questionnement de « genre », souvent mal dans leur corps.
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En le sortant des réseaux sociaux et en l’invitant à l’ICE, Bernard Golse donne une caution intellectuelle précieuse à un transactiviste radicalisé. Pourtant, Bernard Golse ne saurait être soupçonné — et il s’en défend lui-même — de soutenir la médicalisation des mineurs se déclarant trans. Toutefois, en donnant tribune à un militant qui promeut une idéologie transactiviste exploitant la détresse des jeunes, il contribue, qu’il le veuille ou non, à légitimer un discours qui instrumentalise leur souffrance.
Il se trouve enfin que Morgan N. Lucas, à la suite d’une plainte de notre Observatoire (l’OPS), a été mis en examen pour « diffamation envers particuliers(s), par parole, écrit, image ou moyen de communication au public par voie électronique ».
Il sera jugé pour cela le 16 juin 2026 devant la 17ème Chambre correctionnelle du Tribunal judiciaire de Paris.
Cessons d’être naïfs, même animés des meilleures intentions ; cessons d’être aveugles aux conséquences qu’entraîne le fait d’offrir une caution intellectuelle au transactivisme.
Qu’il le veuille ou non, notre collègue prête sa voix, son prestige et son crédit à une entreprise dont il ne veut pas mesurer la logique ni les effets. Il n’est malheureusement pas le seul.
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