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Le déclin de l'identité transgenre et queer chez les jeunes Américains

  • Photo du rédacteur: La Petite Sirène
    La Petite Sirène
  • 15 oct.
  • 18 min de lecture

Eric Kaufmann, chercheur au Centre for Heterodox Social Science, the University Of Buckingham Rapport n° 5


Trad. Fr.


Résumé


  • Après avoir fortement augmenté dans les années 2010 et 2020, les identités trans et queer sont en déclin chez les jeunes Américains.

  • La proportion de personnes transgenres parmi les étudiants universitaires a atteint un pic en 2023 et a depuis presque diminué de moitié, passant de près de 7 % à moins de 4 %.

  • La part des étudiants s’identifiant comme non hétérosexuels a diminué d’environ 10 points au cours de la même période.

  • Le déclin de la part non hétérosexuelle se concentre dans les catégories queer ou autres orientations sexuelles (c’est-à-dire pansexuel, asexuel) et, dans une moindre mesure, la bisexualité.

  • Les étudiants de première année sont aujourd’hui moins BTQ+ que les étudiants de dernière année, ce qui suggère que le déclin se poursuivra.

  • Le déclin de l’identification BTQ+ ne semble pas être lié à une diminution de l'utilisation des réseaux sociaux, à un renouveau religieux, à un virage politique à droite ou à une baisse du soutien à l’idéologie “woke”.

  • Il existe des indices montrant qu’une amélioration de la santé mentale a réduit l’identification BTQ+.


Note sur les sources


Cette étude utilise des données provenant de plusieurs enquêtes de haute qualité menées auprès des jeunes et comportant des séries chronologiques sur plusieurs années. Celles-ci incluent les enquêtes annuelles du Foundation for Individual Rights and Expression (FIRE) auprès des étudiants de premier cycle – principalement dans de grandes universités de recherche. Les enquêtes FIRE interrogent plus de 50 000 étudiants par an. J’utilise également l’enquête des étudiants de première année du Higher Education Research Institute (HERI), de taille similaire mais avec une approche plus représentative de l’ensemble des établissements d’enseignement supérieur. Cependant, elle ne comprend pas de question sur l’identité de genre.


Les grandes enquêtes FIRE et HERI ne couvrent qu’une faible proportion du total des étudiants – peut-être entre 1 et 10 % du groupe cible, selon l’établissement. Ainsi, j’utilise également plusieurs enquêtes menées au niveau des établissements, qui couvrent entre un quart et 90 % du groupe cible. Celles-ci incluent l’enquête annuelle auprès des élèves de la Andover Phillips Academy (une école préparatoire privée d’élite), dont la couverture atteint 70 à 90 %, et les sondages de printemps et d’automne du Brown Daily Herald auprès des étudiants de l’Université Brown, qui atteignent jusqu’à 50 % de la population cible.


Deux enquêtes menées auprès de la population générale contiennent des informations pertinentes. La Cooperative Election Study (CCES) interroge environ 60 000 Américains chaque année, dont entre 2 000 et 4 000 personnes âgées de moins de 25 ans. L’échantillon n’est toutefois pas représentatif de la population américaine. La General Social Survey (GSS) constitue la référence parmi les enquêtes sociales américaines, conçue pour être représentative, mais son échantillon de moins de 25 ans ne compte généralement que 100 à 200 personnes.


Enfin, j’inclus des données provenant de l’enquête annuelle du Centers for Disease Control and Prevention (CDC), le Youth Risk Behavior Surveillance System (YRBSS), menée auprès des lycéens américains et couvrant un échantillon représentatif d’environ 14 000 à 18 000 élèves de la 9e à la 12e année. La dernière enquête du CDC auprès des lycéens date de 2023.

Introduction : Tendances de l’identité de genre


Le premier schéma à noter est que la proportion de jeunes ne s’identifiant ni comme homme ni comme femme (cochant généralement les options non binaire ou en questionnement) a fortement diminué depuis son pic de 2022-2023 dans 3 des 5 sources de données. Comme le montre la figure 1, seuls les résultats issus des données du HERI – qui interrogent un corps étudiant moins élitiste – et du CCES, qui repose sur un échantillon de convenance de la population, indiquent une stabilité. Il convient toutefois de noter que les données de 2025 sont manquantes et que la proportion non binaire y est restée plus faible (autour de 2 % entre 2019 et 2024 pour HERI) que dans les échantillons plus élitistes (FIRE, Andover, Brown).


L’ampleur du déclin observé dans les données concernant les étudiants est considérable, même en tenant compte de la variabilité des données. L’échantillon de l’école préparatoire Andover montre une chute de plus de 9 % d’élèves non binaires en 2023 à 3 % en 2025. Dans le vaste échantillon FIRE, la baisse sur la même période passe de 6,8 % à 3,6 % du total, soit une quasi-division par deux de la proportion non binaire sur un échantillon annuel de 55 000 à 69 000 étudiants. Les données de l’enquête auprès des étudiants de l’Université Brown, dont l’édition 2025 a couvert près de la moitié de la population cible, indiquent une baisse d’environ 5 % en 2022-2023 à 2,6 % en 2025, soit également une division par deux de la proportion non binaire. Dans ces cas, on observe un schéma de « montée puis de déclin », avec un retour des chiffres aux niveaux de base d’avant la hausse.


En revanche, les échantillons HERI et CCES, de composition moins « élitiste », présentent une stabilité sur toute la période, bien qu’il manque les données de 2025. Il est possible que le schéma de « montée et déclin » soit davantage un phénomène propre aux milieux élitistes. Les données du CDC et du GSS ne contiennent pas d’informations sur l’identité de genre.

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Figure 1


Remarque : la taille de l'échantillon non binaire varie.


Dans les enquêtes à plus grande échelle telles que celle menée par FIRE, on compte entre 563 et 3 641 étudiants non binaires par an. Si la plupart des universités sont restées les mêmes dans les données FIRE au fil du temps, certaines variations ont été observées, car de nouveaux établissements ont été ajoutés à l'enquête et d'autres en ont été retirés. Toutefois, si l'on se concentre uniquement sur les universités de l'Ivy League, qui ont été sondées de manière cohérente au fil des ans, on observe une tendance similaire. La proportion de personnes s'identifiant comme autre que masculine ou féminine dans la figure 2 passe de 3 % en 2021 à un pic de 7 % en 2023, avant de redescendre à son niveau d'avant la hausse, soit 3 % en 2025.


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Figure 2


Source : enquêtes FIRE 2020-2025, limitées aux étudiants de l'Ivy League. N = 1 765 à 2 239, avec un nombre de personnes non binaires compris entre 64 et 141 par an.


Orientation sexuelle


Les tendances en matière d’orientation sexuelle sont plus complexes, mais elles montrent un retour vers l’hétérosexualité, tandis que les catégories homosexuelles traditionnelles – gay et lesbienne – demeurent stables. En revanche, c’est dans la proportion de personnes s’identifiant comme bisexuelles ou queer (y compris en questionnement, asexuelles, pansexuelles ou autres orientations) que l’on observe une hausse marquée suivie d’un déclin.


Les données de Andover Phillips figurant dans la figure 3 montrent que la non-hétérosexualité a atteint un pic en 2022-2023, représentant environ un tiers de l’ensemble des étudiants (63,5 % d’hétérosexuels). L’hétérosexualité a ensuite rebondi, bien qu’elle demeure inférieure de 7 points à son niveau de 2020. Les catégories présentant le plus de variations sont les bisexuels, passés de 10 à 17 % entre 2020 et 2023, avant de redescendre à 12 % en 2025, ainsi que les queer et autres identités sexuelles. Ces dernières ont également augmenté, passant de 7 % en 2020 à un pic de 17 % en 2023, avant de retomber à 9 % en 2024 puis de remonter légèrement à 12 % en 2025.


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Figure 3


Source : Enquêtes menées auprès des élèves de l'Andover Phillips Academy, 2019-2025.


N se situe généralement entre 700 et 1000. Les données FIRE de la figure 4 révèlent que l'hétérosexualité a diminué, passant de plus de 80 % en 2020 à un creux de 68 % en 2023, mais qu'elle a rebondi au cours des deux dernières années pour atteindre 77 %, se rapprochant ainsi de son niveau de référence de 2020. La bisexualité est restée largement stable dans les données FIRE, sans augmentation après 2020 ni baisse après 2023 : elle est passée de 9 % à 12 %, avant de retomber à un peu moins de 11 % en 2025.

Le changement principal s'est plutôt produit dans la catégorie « queer et autres sexualités », qui est passée de 7 % à 15 % entre 2020 et 2023 avant de retomber à 8 % en 2025. Les taux concernant les gays/lesbiennes sont restés largement stables, entre 3 et 5 %, comme dans les données de l'école Andover Phillips. En limitant le champ d'application aux huit universités de l'Ivy League dans les données FIRE (non présentées), on observe un pic un peu plus tardif de la non-hétérosexualité, en 2024 (37 %), avant une baisse à 30 % en 2025. Dans l'Ivy League, la bisexualité est restée stable, oscillant entre 10 et 13 % tout au long de la période. La sexualité queer et autres sexualités présentent une tendance marquée à la hausse et à la baisse, passant de 7 % en 2020 à 16 % en 2023-2024, puis redescendant à 9 % en 2025.


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Figure 4


Source : Enquêtes FIRE auprès des étudiants, 2020-2025.


N est de 20 002 en 2020, passant à 37 104 en 2021, 44 847 en 2022, 55 102 en 2023, 58 807 en 2024 et 68 510 en 2025. Les données HERI de la figure 5, qui échantillonnent davantage d'étudiants issus d'établissements moins bien classés que les enquêtes FIRE, montrent que l'hétérosexualité s'élève à 87 % en 2019, avant de chuter à 77 % en 2023, puis de remonter à 82 % en 2024, dernière année disponible. L'identité bisexuelle passe de 7 % en 2019 à 11 % en 2023, avant de retomber à 9 % en 2024. La sexualité queer et autres passe de 3 % en 2019 à un pic de 8 % en 2023, puis revient à 6 % en 2024. Les catégories homosexuelles traditionnelles, à savoir les gays et les lesbiennes, oscillent entre 2,7 et 3,9 %, avec toutefois un pic également en 2023.


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Figure 5


Source : Enquêtes auprès des étudiants de première année menées par le Higher Education Research Institute (HERI), 2019-2024.


N varie d'environ 200 000 par an en 2019-2020 à 25 500 en 2024. Le journal étudiant de l'université Brown, le Daily Herald, pose des questions sur l'orientation sexuelle dans ses enquêtes auprès des étudiants de premier cycle depuis 2010. La figure 6 montre que la proportion de personnes non hétérosexuelles a diminué progressivement, passant de 87 % en 2010 à un peu moins de 80 % en 2019, avant de chuter rapidement à moins de 60 % en 2022-2023.

Depuis lors, la proportion d'hétérosexuels a augmenté, atteignant 68 % dans la dernière enquête réalisée à l'automne 2025. Si toutes les catégories sexuelles suivent une trajectoire ascendante puis descendante, c'est la catégorie bisexuelle qui a connu la plus forte augmentation, passant de 6 % en 2010 à 18-19 % en 2022-2023, avant de retomber à 13 % en 2025. La catégorie « queer et autres » est passée de 4 % en 2010 à un pic de 16-17 % en 2022-2023, avant de retomber à 9-13 % en 2024-2025. Si la tendance observée par Brown ressemble à celle d'autres données, il convient de noter que la proportion de gays et de lesbiennes a varié davantage que dans les autres enquêtes examinées ici, passant de 3 à 5 % entre 2010 et 2019 à 7-10 % entre 2020 et 2024, puis redescendant à 6 % en 2025.


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Figure 6


Source : enquêtes menées auprès des étudiants par le Brown Daily Herald. N varie entre 700 et 1 100 par an.


Les enquêtes menées auprès d'une population plus large de jeunes donnent une image moins précise. L'étude coopérative sur les élections (CCES) est un échantillon de 60 000 personnes qui recense jusqu'à 4 000 jeunes adultes de moins de 25 ans dans ses dernières vagues. Les données de la CCES ne se limitent pas aux personnes ayant fait des études universitaires, mais ne constituent pas pour autant un échantillon représentatif de la population. Les données de la CCES présentées dans la figure 7 montrent une augmentation continue de la non-hétérosexualité jusqu'en 2024, la plus forte augmentation concernant la catégorie des bisexuels. Aucune donnée n'est disponible pour 2025.


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Figure 7


Source : Étude coopérative sur les élections, 2016-2024. N varie entre 1 921 et 4 763 par an.


L'enquête sociale générale (GSS) est la référence en matière d'enquête sociale aux États-Unis. Par rapport à la CCES, elle présente l'avantage de recueillir un échantillon représentatif à l'aide de méthodes d'échantillonnage rigoureuses, mais la taille de son échantillon de jeunes n'est généralement que de 100 à 200 par an. Les données de la GSS sur les 18-24 ans présentées dans la figure 8 montrent une baisse de la proportion d'hétérosexuels, qui passe de 95 % en 2010 à 71 % en 2022, avant de remonter à 81 % en 2024. La majeure partie de cette remontée s'explique par une baisse de la proportion de personnes cochant la case « bisexuel », qui est passée de 22 % en 2022 à 14 % en 2024. Il n'y a pas d'option pour les personnes queer ou autres, il faut donc supposer que ces personnes ont sélectionné les options homosexuel ou bisexuel.


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Figure 8


Source : Enquête sociale générale, 2016-2024. N varie entre 96 et 226 par an.


Les données des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) présentées dans la figure 9 montrent une tendance similaire pour leur échantillon représentatif d'environ 15 000 élèves de la 9e à la 12e année du secondaire, mais avec un point d'inflexion légèrement différent. Les données ne fournissent pas de détails sur les sous-catégories de sexualité telles que la bisexualité et l'homosexualité. Néanmoins, la tendance macroéconomique de la non-hétérosexualité est familière : elle montre une augmentation de 11 % des personnes non hétérosexuelles en 2015 à 26-27 % entre 2021 et 2023. Les données ultérieures ne sont pas disponibles.


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Figure 9


Source : enquêtes CDC YRBSS, 2015-23. N varie entre 13 700 et 17 700 par an.


L'examen de toutes les sources de données sur la tendance macro-hétérosexuelle chez les jeunes Américains dans la figure 10 illustre un schéma commun, malgré certaines variations. Le pic moyen de non-hétérosexualité, en 2023, correspond au pic d'identité de genre non binaire dans de nombreuses enquêtes dont nous disposons (à l'exception des enquêtes HERI et CCES). Cela suggère une dynamique commune derrière ces deux modèles. Ce n'est pas tout à fait surprenant.


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Figure 10


Il semble que les termes « trans » et « queer » soient en train de passer de mode chez les jeunes, en particulier dans les milieux élitistes. Les figures 11 et 12 montrent la tendance par année d'enquête et par promotion (les promotions plus récentes correspondent à des étudiants plus jeunes). Lorsque les termes « trans », « bisexuel » et « queer » étaient à leur apogée, ils étaient plus populaires dans les promotions plus récentes (c'est-à-dire la promotion 2025 en 2022 ou la promotion 2026 en 2023). Mais en 2025, les étudiants de première année de la promotion 2028 étaient moins susceptibles que les étudiants plus âgés de 2025 de s'identifier comme BTQ+. Les baisses les plus rapides de l'identité BTQ+ entre 2022 et 2025 ont eu lieu dans les promotions 2025 et 2026, les cohortes 2027 et 2028 commençant leur vie universitaire avec des niveaux BTQ+ plus faibles. Dans la mesure où les plus jeunes représentent l'avant-garde des nouvelles tendances, cela suggère que les identités trans, bisexuelles et queer perdent en popularité à chaque nouvelle cohorte.


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Figure 11


Source : FIRE 2020-25 surveys.


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Figure 12


Source : enquêtes FIRE 2020-25.


Expliquer la tendance à la hausse et à la baisse de l'identité sexuelle et de genre Nous avons constaté que diverses données sur les lycéens et les étudiants de premier cycle font état d'une tendance commune selon laquelle la proportion de jeunes non binaires, bisexuels et queer a augmenté après 2010 et diminué après 2023. Quelle pourrait être la cause de cette tendance ? Dans les pages qui suivent, j'explore plusieurs hypothèses possibles. Santé mentale Dans les données d'enquête, les jeunes LGBT déclarent systématiquement une santé mentale moins bonne que les jeunes hétérosexuels. La question de savoir si cela est dû au fait que l'orientation LGBT provoque des troubles mentaux (hypothèses du stress minoritaire ou de l'anomie) ou si ce sont les troubles mentaux qui poussent les individus à être LGBT dépasse le cadre de ce travail.


Des données récentes provenant des États-Unis montrent que l'augmentation persistante des maladies mentales chez les jeunes dans les années 2010 a atteint son apogée après la pandémie en 2021, puis s'est améliorée en 2023. Certaines des sept sources de données prises en compte par The Economist ont montré un pic en 2021 et d'autres en 2022, mais toutes avaient diminué en 2023.3 La pandémie a fourni une expérience naturelle : si les maladies mentales entraînent des changements dans l'identité sexuelle et de genre, nous aurions dû nous attendre à un pic dans les deux domaines en 2021-2022. En réalité, la pandémie et son déclin ont provoqué une augmentation des maladies mentales chez les jeunes en 2021-2022, suivie d'une baisse, mais le pic LGBT s'est produit un an plus tard, en 2022-2023. Bien qu'un décalage d'un an entre l'amélioration de la santé mentale et la réduction du nombre de personnes LGBT soit possible, nous devons expliquer pourquoi l'effet de la pandémie a été retardé pour l'orientation sexuelle et l'identité de genre, mais pas pour la santé mentale. L'amélioration de la santé mentale des jeunes ne peut expliquer de manière adéquate la baisse de la proportion de personnes transgenres, queer et bisexuelles. La figure 13 résume les données du CDC sur les adolescents de la 9e à la 12e année par groupe démographique, montrant que l'amélioration de la santé mentale s'est produite dans pratiquement tous les groupes. Il convient de noter en particulier que la proportion d'élèves LGBT du secondaire déclarant se sentir tristes ou désespérés la plupart du temps a diminué de 76 % à 65 % entre 2021 et 2023. L'ère post-pandémique d'amélioration de la santé mentale semble englober l'orientation sexuelle et l'identité de genre alternatives, ce qui suggère que les deux tendances sont largement indépendantes dans le temps.


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Figure 13


Source : enquêtes YRBSS du CDC, avec un N généralement compris entre 14 000 et 18 000.


Le FIRE a posé des questions sur l'anxiété et la dépression lors des trois dernières vagues d'enquête, de 2023 à 2025. Cette question, représentée graphiquement dans la figure 14, montre une tendance à la baisse de l'anxiété et de la dépression (c'est-à-dire une amélioration de la santé mentale) chez les étudiants, ce qui reflète les résultats rapportés par le CDC et The Economist.


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Figure 14


Source : enquêtes FIRE auprès des étudiants, 2023-2025 uniquement. N varie entre 55 102 et 68 510. Comme dans les données du CDC de la figure 13, les données FIRE de la figure 15 montrent que des améliorations en matière de santé mentale ont été observées dans toutes les catégories sociodémographiques, même si les étudiants LGBT et très libéraux déclarent systématiquement une santé mentale moins bonne que les étudiants conservateurs et hétérosexuels. Cela suggère que la dynamique de la santé mentale est largement indépendante de l'idéologie et de l'orientation sexuelle, du moins au fil du temps.


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Figure 15


Source : enquêtes FIRE auprès des étudiants, 2023-2025 uniquement. N varie entre 55 102 et 68 510.


Mais si l'amélioration de la santé mentale n'explique pas entièrement la baisse du nombre de personnes s'identifiant comme BTQ+, elle semble toutefois en être en partie responsable. Comment cela se fait-il ? La figure 16 inverse les données du graphique précédent pour examiner la proportion de personnes non binaires par catégorie de santé mentale. Si la proportion de personnes transgenres diminue dans toutes les catégories de santé mentale, elle diminue moins chez les personnes dépressives. En fait, la part des étudiants non binaires dépressifs a augmenté entre 2024 et 2025, passant de 10,8 % à 11,6 %. Parmi les personnes anxieuses, elle diminue de 3 points et parmi les personnes en bonne santé mentale, la baisse de l'identification transgenre est de 2 points. La baisse de l'identification transgenre chez l'ensemble des étudiants a été de 3,2 points (de 6,8 % à 3,2 %) au cours de ces années, soit une baisse plus importante que celle observée dans toutes les catégories de santé mentale ou de maladie mentale de la figure 16. Cela signifie qu'une partie de la baisse de l'identification transgenre était due à la composition de l'échantillon, car il y avait moins d'étudiants souffrant d'anxiété et de dépression en 2025 qu'en 2023.


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Figure 16


Source : enquêtes FIRE, 2023-25.


La figure 17 montre le même résultat pour l'identification queer/bisexuelle, et ce de manière encore plus marquée. La plus forte baisse de l'identification BQ+ dans une catégorie de santé mentale est de 6 points, alors que la baisse globale chez les étudiants est de 10 points. L'augmentation de la part des personnes en bonne santé mentale explique en grande partie la baisse de l'identification BQ+, tout comme la baisse de l'identité transgenre dans la figure 15. Pour tester cela statistiquement, j'ai ajouté des variables de santé mentale à un modèle prédisant l'identification transgenre et BQ+ pour les années 2023 à 2025. Dans les deux modèles, l'ajout de variables de santé mentale a fortement réduit l'ampleur de l'effet de l'année, indiquant que le schéma « d'augmentation et de diminution » de l'identification BTQ+ est en partie un artefact de l'augmentation et de la diminution des problèmes de santé mentale.


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Figure 17


Source : enquêtes FIRE, 2023-25.


Convictions politiques et religiosité Le déclin de l'identification BTQ+ pourrait-il s'expliquer par une évolution des attitudes politiques ou culturelles ? Les données FIRE de la figure 18 montrent clairement que l'idéologie politique, les attitudes envers la guerre culturelle et les niveaux d'identification religieuse sont restés stables tout au long de la période 2020-25. Cela contraste avec la tendance prononcée à la « hausse et à la baisse » observée pour l'identité sexuelle et de genre. Trump, Biden et le « changement d'ambiance » s'éloignant du mouvement woke dans la culture élitiste semblent avoir eu peu d'effet sur l'identité sexuelle et de genre des étudiants.5 Il convient d'ajouter que l'utilisation des réseaux sociaux par les jeunes Américains a augmenté dans les années 2010 pour atteindre un pic au début des années 2020, près de la moitié d'entre eux étant « presque constamment » en ligne, et n'avait pas diminué en 2024.


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Figure 18


Source : enquêtes FIRE auprès des étudiants, 2020-2025.


N varie entre 20 000 et 68 000 par an. Même s'il semble y avoir peu de lien entre la maladie mentale, l'identité sexuelle et de genre et les convictions politiques au fil du temps, cela ne signifie pas pour autant qu'il n'y ait aucune corrélation entre ces forces au sein des individus. Un facteur latent explique près de la moitié de la variation de l'orientation sexuelle, des convictions politiques et de la santé mentale dans les données FIRE sur les étudiants, et cette relation n'a pas changé entre 2023 et 2025. Comme le montre la figure 19, il existe des corrélations significatives entre le genre, la sexualité, les convictions politiques et la santé mentale. En particulier, les personnes transgenres ou non binaires, ainsi que les étudiants très libéraux, sont beaucoup plus susceptibles que les autres d'être non hétérosexuels. Les étudiants très libéraux, transgenres et non hétérosexuels sont également plus susceptibles que les autres étudiants d'être anxieux et déprimés, comme nous l'avons vu dans les figures 13 et 15. Cette correspondance est similaire à la relation entre les réseaux sociaux et la santé mentale. Il existe des preuves que l'utilisation des réseaux sociaux est corrélée à une mauvaise santé mentale chez les jeunes à un moment donné, même si les tendances observées depuis la pandémie ne montrent pas de déclin de l'utilisation des réseaux sociaux à mesure que la santé mentale des jeunes s'améliore.7 En statistique, il est bien connu que les tendances au fil du temps peuvent se comporter différemment de celles observées à un moment donné.


Tout comme les États américains les plus riches peuvent voter démocrate alors que les individus riches votent républicain, les points temporels BTQ+ peuvent ne montrer aucun changement dans les attitudes woke par rapport aux points temporels moins BTQ+, même si les individus BTQ+ sont plus woke que les individus hétérosexuels.8 Les effets au fil du temps répondent souvent à des forces plus rapides, telles que les modes et les tendances, tandis que ceux à un moment donné peuvent refléter des facteurs de conditionnement plus lents et profondément enracinés, tels que l'éducation parentale ou la génétique.


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Figure 19


Source : enquêtes FIRE auprès des étudiants 2023-25.


Remarque : le rouge indique une corrélation inverse entre les variables dans les données FIRE au niveau individuel, le vert une corrélation positive.Une façon de mettre en évidence les corrélations profondes entre la sexualité/le genre, la politique et la santé mentale chez les individus et les changements plus rapides dans la pression sociale et les goûts qui opèrent au fil du temps consiste à effectuer une analyse statistique pour contrôler la politique, la religion et la maladie mentale. Si ce sont les changements dans ces facteurs qui influencent l'identité BTQ+ au fil du temps, alors nous devrions voir l'effet de l'année perdre sa signification statistique. Cependant, l'analyse statistique des données FIRE montre que l'année de l'enquête permet de prédire une augmentation ou une diminution de l'identité BTQ+, même après avoir contrôlé d'autres facteurs importants. La figure 20 illustre ce phénomène pour l'identification trans et bisexuelle/queer, qui augmente et diminue au cours de la période 2020-2025, même après avoir contrôlé la religion, l'idéologie politique, l'anxiété/dépression et le milieu social, bien que tous ces facteurs soient fortement significatifs sur le plan statistique.


L'année de pointe pour ces deux tendances, avec contrôles, est 2022. Notez que cela diffère du pic de 2023 dans la tendance brute des données sur l'identité BTQ+ dans les figures 1 et 10. Lorsque la santé mentale est retirée du modèle, les effets annuels deviennent plus significatifs et le pic revient à 2023, ce qui montre que l'amélioration de la santé mentale est l'une des raisons de la hausse et de la baisse de l'identification BTQ+ au fil du temps. Cela dit, même lorsque la santé mentale est contrôlée dans le modèle, les effets annuels restent significatifs, ce qui montre que l'amélioration de la santé mentale n'est qu'une partie de l'explication du déclin de l'identification BTQ au cours de ces années.


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Figure 20


Source : données FIRE.


Modèle Trans : pseudo-R2 de 0,034, avec les années 2022 et 2023 significatives par rapport à 2020 ; modèle BQ+ : pseudo-R2 de 0,090, avec les années 2021, 2022 et 2025 (négativement) significatives par rapport à 2020. N = 226 117. Conclusion Les identités trans, queer et bisexuelles sont en déclin rapide chez les jeunes Américains diplômés. Cela ne semble pas être le résultat d'un glissement vers la droite, d'un retour de la religion ou d'un rejet des attitudes militantes de la guerre culturelle. Malgré les corrélations élevées entre l'identité sexuelle/de genre et les attitudes politiques chez les individus, la tendance au fil du temps en matière de genre et de sexualité semble relativement indépendante des croyances politiques, culturelles et religieuses. L'amélioration de la santé mentale semble toutefois expliquer en partie le déclin de l'identification BTQ+. Une possibilité est que les croyances woke aient joué un rôle dans l'émergence de l'identité BTQ+ et de l'identification des maladies mentales dans les années 2010, mais que celles-ci se soient depuis considérablement dissociées, obéissant à leurs propres rythmes distincts. Des travaux supplémentaires sont nécessaires pour tester cette hypothèse. Seul le temps nous dira si le déclin substantiel de l'identification BTQ+ se poursuivra chez les jeunes Américains. Si tel est le cas, cela représentera un changement culturel post-progressiste important et inattendu dans la société américaine, qui est clairement en décalage avec les attentes des observateurs culturels de gauche dans les établissements d'enseignement et les médias traditionnels.


Eric Kaufmann est professeur de sciences politiques à l'université de Buckingham, directeur du Centre for Heterodox Social Science et auteur de Taboo: Why Making Race Sacred Led to a Cultural Revolution (Forum Press, 2024), publié en Amérique du Nord sous le titre The Third Awokening: A 12-Point Plan for Rolling Back Progressive Extremism (Bombardier Books, 2024). Il a également écrit quatre autres livres et de nombreux articles universitaires et grand public.

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