top of page

Le Canada prévoit de publier des données sur les bébés « transgenres et non binaires »

  • Photo du rédacteur: La Petite Sirène
    La Petite Sirène
  • 18 déc.
  • 6 min de lecture

L’idéologie et la pseudoscience qui sous-tendent le plan canadien de comptabilisation des nourrissons et des tout-petits « transgenres »


Colin Wright - 17 décembre 2025 - Reality's Last Stand

Trad. FR.


À propos de l'auteur


Colin Wright est docteur en biologie évolutive, chercheur au Manhattan Institute et PDG/rédacteur en chef de Reality's Last Stand . Ses articles ont été publiés dans le Wall Street Journal , le Times , le New York Post , Newsweek , City Journal , Quillette , le Washington Examiner , ainsi que dans d'autres grands médias et revues scientifiques.

Le 8 décembre, les membres de la section torontoise de Pflag — un groupe de bénévoles qui œuvre pour « un monde bienveillant, juste et inclusif pour les personnes LGBTQ+ et leurs proches » — ont reçu un courriel inhabituel. L’organisme a indiqué que, bien qu’il communique rarement les demandes de sondage provenant de tiers, il faisait une exception pour un « partenaire de confiance » : Statistique Canada.


L’agence statistique fédérale a publié des données sur l’identité de genre pour les personnes de 15 ans et plus en 2022. Or, de nombreux Canadiens ignorent peut-être qu’elle a également recueilli ces renseignements auprès des enfants de 0 à 14 ans. L’agence souhaite maintenant recueillir des commentaires sur la façon de présenter ces données au public. Le courriel envoyé à Pflag sollicitait l’avis des parents sur la façon de « produire et de diffuser des renseignements sur les enfants et les jeunes transgenres et non binaires ».


Un « Guide de consultation » de dix pages, intitulé « Enfants et jeunes transgenres et non binaires : Diffusion des données », était joint au courriel. Les auteurs du guide affirment que la publication de ces données « contribuera à renforcer la prise de décision fondée sur des données probantes afin d'éclairer les programmes et services destinés à ces populations ». Cela semble raisonnable jusqu'à ce que l'on en comprenne les implications : les nourrissons et les jeunes enfants auraient une « identité de genre », cette identité pourrait différer de leur sexe, et les gouvernements devraient connaître cette information afin de concevoir des programmes et des services adaptés à ces identités présumées. Le guide accepte ces prémisses fragiles dès ses premiers paragraphes, expliquant que son objectif est de publier les données de manière à « ne pas causer de préjudice indu aux enfants et aux jeunes de diverses identités de genre ».


Dans sa section Objectif et Confidentialité, le Guide prétend résumer les informations pertinentes issues des « Organisations statistiques nationales (ONS), de la littérature grise universitaire et autres, et du discours public courant ». Mais au lieu de restituer fidèlement les faits connus, il présente une version fortement déformée du développement de l'enfant, visant à aider les parents à identifier la supposée « identité de genre » de leurs jeunes enfants.


Premièrement, les auteurs affirment que « les enfants et les jeunes sont souvent considérés comme cisgenres [s'identifiant à leur sexe biologique]… de la naissance jusqu'à ce qu'ils révèlent volontairement leur identité de genre différente ». Ils citent une étude qui démontrerait que « les enfants âgés de 18 à 24 mois sont capables, sur le plan du développement, de reconnaître les normes de genre et d'exprimer des comportements genrés de manière visible ». Or, ni cette étude ni la littérature plus générale en psychologie du développement n'affirment que les tout-petits « reconnaissent les normes de genre ». Ce qu'elles montrent en réalité, c'est que les enfants commencent à développer la capacité de distinguer les hommes des femmes – grâce à des indices perceptifs comme les visages et les voix – entre un et deux ans. Cela n'a rien à voir avec la reconnaissance d'une identité subjective et intérieure.


Plus loin dans ce paragraphe, le guide affirme que « les enfants peuvent imiter les normes et les rôles de genre appris des personnes de leur entourage, exprimer leur désir pour certains vêtements, coiffures ou autres accessoires et choisir de jouer avec des jouets correspondant à leur identité de genre ». Apparemment, les auteurs estiment que si les tout-petits jouent avec une poupée ou un camion, ils expriment leur « identité de genre » et que les adultes devraient interpréter ce comportement comme un reflet de l'état psychologique interne de l'enfant.


La situation devient encore plus spéculative à partir de là. Les auteurs du guide affirment que « les enfants transgenres et non binaires peuvent reconnaître et exprimer leur genre dès l'âge de 2 à 3 ans ». Or, les études auxquelles ils font référence ne démontrent rien de tel ; en réalité, elles indiquent l'âge auquel les parents ont fait la transition sociale de leurs enfants, et non l'âge auquel ces derniers ont acquis une identité de genre stable. Un garçon de trois ans qui préfère les cheveux longs n'annonce pas qu'il est une fille ; ce sont plutôt les parents qui « affirment » leur garçon comme une fille pour de telles raisons qui révèlent leur idéologie.


Le guide aborde ensuite la notion de « genre ». Les auteurs affirment qu'il est « normal » que le genre d'un enfant évolue avec le temps et que « les enfants ne subissent aucun préjudice particulier à explorer leur genre d'une manière différente de celle qui leur a été attribuée à la naissance ». Or, si la plupart des jeux d'imagination sont normaux et inoffensifs, comme se prendre pour un super-héros ou son personnage Disney préféré, dans le contexte clinique et éducatif actuel, « l'exploration du genre » est souvent associée à une « affirmation sociale », qui conduit fréquemment à la prescription de bloqueurs de puberté et d'hormones du sexe opposé.


L’une des sections les plus remarquables du Guide concerne la collecte de données. Statistique Canada admet que les données sur « l’identité de genre » des enfants de moins de 12 ans proviennent principalement de déclarations par procuration – les parents ou les membres du ménage déclarant l’« identité de genre » d’un enfant au nom de celui-ci.


Plutôt que de considérer cela comme une limite à la fiabilité des données, le Guide y voit un défaut corrigible dans le jugement parental. Il suggère que les données indirectes peuvent être faussées car « le genre d'un enfant est souvent présumé d'après son sexe à la naissance ». Parallèlement, il note que certains parents qualifient désormais leurs nourrissons de « non binaires » par défaut, jusqu'à ce que l'enfant exprime un avis contraire. Au lieu de conclure que l'identité de genre est impossible à mesurer chez les très jeunes enfants, le Guide suggère que fournir aux parents des « informations sur la diversité de genre… dès la naissance ou le plus jeune âge » permettra d'obtenir des données plus fiables.


Tout au long du document, les auteurs suggèrent que la résistance ou le scepticisme du public à l'égard de concepts tels que la « fluidité de genre, la cisnormativité… et la transnormativité » résultent d'une incompréhension, et que cette ignorance alimente la législation concernant l'usage des pronoms, l'accès aux « soins de santé affirmant l'identité de genre » et la pratique sportive. Le guide interroge également les répondants sur la possibilité d'une « réaction négative de certains groupes » en cas de publication de données sur l'identité de genre des jeunes enfants, sous-entendant là encore qu'une telle réaction serait fondée sur des préjugés.


Ce que le Guide n'aborde jamais, c'est son problème conceptuel central : l'idée d'un enfant « transgenre » ou « non binaire », qui repose sur la croyance erronée que chaque personne possède une identité de genre innée et interne, distincte de son sexe, et que cette identité est perceptible même chez les bébés et les jeunes enfants. Or, aucune preuve convaincante ne vient étayer cette affirmation. Ce que les militants interprètent comme des signes d'une identité de genre interne – préférences, comportements, traits de personnalité – reflète en réalité des variations normales entre les garçons et les filles. Pourtant, le Guide avance comme si le caractère inné de la transidentité était une question tranchée, comme si qualifier un nourrisson de « non binaire » était aussi scientifiquement valable que de mesurer son poids à la naissance.


Lorsqu'un organisme national de statistiques adopte des croyances métaphysiques controversées comme données objectives, il ne se contente pas de mal mesurer la réalité ; il la déforme. Et ces perceptions influencent les politiques scolaires, les recommandations médicales et les programmes gouvernementaux.


Statistique Canada ne se contente pas de proposer la publication de données. Elle propose d'institutionnaliser une idéologie qui pathologise les comportements normaux des enfants et les oriente vers des transitions sociales et médicales. Le Guide de consultation ressemble moins à une enquête technique qu'à un document idéologique qui tente de créer le phénomène même qu'il prétend vouloir mesurer.

Cet essai a été initialement publié dans City Journal le 16 décembre 2025.

  • YouTube
bottom of page