Lettre de Christian Godin, philosophe à Coline Folliot, jeudi 9 janvier 2025
Chère Madame Folliot,
La recension que vous avez écrite récemment (Le Monde du 8 janvier) sur l’ouvrage de Maud Royer, Le Lobby transphobe, a suscité en moi un certain nombre de remarques dont je voudrais vous faire part et dont j’espère que vous les prendrez en considération.
En premier lieu, alors qu’on attend d’une recension un minimum d’analyse critique, la vôtre prend la forme d’un certificat d’approbation qui reprend, sans recul aucun, les termes de l’ouvrage.
« Lobby » : n’existerait-il que du côté des critiques et des adversaires du transactivisme, et celui-ci aurait-il l’apanage de défendre une « cause », sans se voir affublé du terme de lobby destiné à induire la suspicion ?
« Transphobe », « panique morale » : ainsi les critiques et les adversaires de la cause transidentitaire seraient incapables de penser, de réfléchir, d’argumenter, ils seraient seulement secoués par des affects (la phobie, la peur) irrationnels. Mais, chère Madame Folliot, de quel côté est le savoir, du côté de ceux qui récusent, d’un même mouvement, au nom d’une Volonté érigée en absolu par des personnes encouragées à ne pas renoncer à leur désir infantile de toute-puissance, la biologie, la psychologie, la psychanalyse, la sociologie et l’histoire, ou bien du côté de ceux qui pensent que, lorsque des enfants et des adolescents expriment un désir exorbitant de « changer de sexe » (comme si la chose était possible !), ces sciences ont leur mot à dire ? Oui, même si cela représente une blessure narcissique pour ceux qui croient que leur demande n’a ni condition autre qu’elle-même, ni conséquence autre que sa propre satisfaction, la Nature existe, qu’on le veuille ou non. Homo sapiens appartient à la famille des Primates et il est, comme la quasi-totalité des animaux et des plantes, sexué. Contrairement à ce que ne cesse de répéter comme un mantra le transactivisme et que manifestement vous reprenez à votre compte, le sexe n’est pas « assigné » à la naissance, mais constaté. On n'assigne pas un pénis ou une vulve, on n’assigne pas les chromosomes X ou Y à tel ou tel individu, on assigne à résidence, mais le sexe n’est pas une résidence. Ceux qui trient les poussins entre mâles et femelles ne leur assignent pas un sexe, et lorsque les paléontologues découvrent un os de l’un de nos lointains ancêtres, et qu’ils sont capables de dire si cet os est celui d’un homme ou d’une femme, ils ne leur assignent pas pour autant un sexe. La théorie du genre qui inspire l’idéologie transactiviste est à l’anthropologie ce que la théorie du phlogistique était à la physique.
« Conservateurs », « réactionnaires » : faute de pouvoir répliquer, répondre par des arguments à des arguments, les idéologues ne font que désigner, stigmatiser, insulter, montrant par là qu’ils sont incapables d’engager le moindre dialogue (le nombre des débats entravés sur la question de la transidentité ne se compte plus). D’abord il faudrait choisir entre les deux : tandis que le conservateur veut préserver l’état de choses présent, le réactionnaire entend revenir vers un état passé. Et puis, puisqu’ils ont ceci de commun de n’être pas progressistes, posons-nous la question de savoir ce qu’est être progressiste aujourd’hui. Est-ce être progressiste que d’accepter que des jeunes gens soient atteints de façon irréversible dans leur intégrité physique et rendus pour leur vie entière médico- et pharmaco-dépendants ? Si c’est cela que vous appelez des nouveaux droits, je vous les laisse volontiers. Est-ce être progressiste que d’aller dans le sens de l’individualisme néolibéral qui tend à transformer le corps, comme le capitalisme le fait de toute réalité, en capital et en marchandise ? Étaient-ils progressistes ceux qui, à la fin du XIXe siècle et au début du XXe, avaient engagé aux États-Unis et en Suède, une politique d’eugénisme ? (ne voulant pas être soupçonné d’être attiré par le point Godwin, c’est à dessein que je n’use pas de la référence nazie…). Et, question corollaire, étaient-ils réactionnaires ceux qui s’opposaient à une telle politique ?
Chère Madame Folliot, lorsqu’éclatera, à grande échelle, le scandale des opérations et des traitements pratiqués sur le corps de jeunes gens en bonne santé physique mais en difficulté psychologique, comme a éclaté, avec un temps de retard, le scandale de la pédophilie (que des intellectuels, et non des moindres, ont justifiée par toutes sortes de bonnes raisons), la question des complaisances et des complicités se posera fatalement, et alors on exhumera peut-être le livre de Maud Royer, parmi beaucoup d’autres, et, je ne vous le souhaite pas, votre recension.
Si vous ne lisez pas cette lettre, peu m’importe, d’autres la liront.
Bien cordialement à vous, et avec tous mes vœux.
Christian Godin (philosophe).
Je ne cesse de m'interroger sur les raisons qui ont permis à cette idéologie trans de naitre et de progresser à cette allure. l'humanité a-t-elle perdu tout bon sens , ou sommes-nous tous abrutis par les réseaux sociaux, et les médias?? Comment une idéologie aussi stupide (il faut bien le dire!) et aussi monstrueuse dans ses conséquences, a-t-elle pu séduire des intellectuels et des médecins au point que ceux-ci en arrivent à piétiner leur serment d'Hypocrate en acceptant de mutiler des adolescents?!
Mais l'heure n'est plus à l'interrogation, mais à la lutte pour la vérité et la sagesse.
Merci donc à Christian Godin pour sa réponse on ne peut plus claire, et merci à tous ceux qui ont le courag…
Il se peut fort que Coline Folliot souffre d'une mauvaise assignation de couleur des yeux, au point de ne plus savoir ce qu'elle lit ou écrit, ou pire encore. Bien sûr, il existe d'autres dangers : vous êtes vous tous posé la question de l'assignation de votre langue maternelle ? Mmmmmh ? et là, on s'approche, juste un peu cependant, de l'assignation. J'en ai peu entendu parler, preuve évidente que le sujet est censuré par le courant conservateur...